Match d’amour (Take me out to the ball game) est le dernier film en tant que metteur en scène d’un immense chorégraphe, Busby Berkeley. Au début du siècle, Dennis Ryan (Frank Sinatra) et Eddie O’Brien (Gene Kelly) partagent leur temps entre un numéro de duettistes sur les planches de music-halls et l’entraînement avec l’équipe de […]
Match d’amour (Take me out to the ball game) est le dernier film en tant que metteur en scène d’un immense chorégraphe, Busby Berkeley. Au début du siècle, Dennis Ryan (Frank Sinatra) et Eddie O’Brien (Gene Kelly) partagent leur temps entre un numéro de duettistes sur les planches de music-halls et l’entraînement avec l’équipe de base-ball des Wolves. Or, on annonce l’arrivée d’un nouveau manager : un certain K. C. Higgins, qui se révèle être une très séduisante jeune femme (Esther Williams)… Voilà une structure scénaristique qui évoque le triangle boulevardier (le mari, la femme, l’amant). On peut aussi la lire comme le programme bisexuel d’un film récent : Deux garçons, une fille, trois possibilités. Et d’ailleurs, Busby Berkeley jette suffisamment d’indices pour qu’on puisse faire cette interprétation très Celluloid closet. Mais surtout, le trio permet de dépasser l’imaginaire amoureux dont la plus parfaite expression dans la comédie musicale restera le couple Fred Astaire/Ginger Rogers. Berkeley en est bien conscient et le chiffre 3 lui permet de neutraliser cette dimension sentimentale pourtant inscrite dans le scénario. Avec le trio, si la relation n’est pas forcément saturée, elle est toujours transitive : A aime B qui aime C qui peut aimer A qui peut aussi aimer C qui pourrait bien aimer B lui aussi. Finalement, si tout le monde aime tout le monde, on obtient une bande d’amis, symbolisée dans le scénario par l’équipe de base-ball. Souvent provisoire (les péripéties du film ne sont que des menaces de rupture du trio), la rencontre à trois fournit une occasion de s’amuser. Le numéro dans le restaurant (Kelly, Sinatra et un troisième joueur de leur équipe) est révélateur de ce que cette combinaison offre de liberté aux danseurs. Dégagé de la symétrie imposée par le duo, qui en l’occurrence convenait mal à deux physiques aussi opposés que Kelly tout en muscles et Sinatra tout en nerfs, Berkeley s’amuse et invente une gestuelle fantaisiste proche de la pantomime. Le film est ainsi imprégné d’un caractère festif qui permet de dépasser les faiblesses du scénario. Un seul exemple : la maladresse avec laquelle les auteurs ont fait rentrer au chausse-pied une scène où Esther Williams se retrouve dans une piscine, fans obligent.
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