Alors que l’ensemble du microcosme cinéma répète à l’envi le rôle essentiel du court métrage dans l’émergence de nouveaux talents, trop rares sont les distributeurs à prendre le risque d’en sortir en salles. Magouric est l’un d’eux, et cette petite structure ne distribue pas seulement ceux qu’elle produit elle-même. Nouvelle étape dans cette politique de […]
Alors que l’ensemble du microcosme cinéma répète à l’envi le rôle essentiel du court métrage dans l’émergence de nouveaux talents, trop rares sont les distributeurs à prendre le risque d’en sortir en salles. Magouric est l’un d’eux, et cette petite structure ne distribue pas seulement ceux qu’elle produit elle-même. Nouvelle étape dans cette politique de diffusion : la sortie en vidéo d’une collection de courts, avec le soutien de la Fnac. On retiendra particulièrement trois réalisateurs. D’abord Marie Vermillard dont sont regroupés ici deux films, Quelqu’un et Eau douce. Dans le premier, elle filme la relation a priori dérisoire entre un coiffeur et son client. Pendant des années, les mêmes gestes répétitifs et quasiment aucun mot. Et pourtant, à la mort du coiffeur, le client incarné avec sobriété par Antoine Chappey va ressentir un immense désarroi. On retrouve ce dernier dans Eau douce où il forme avec Nathalie Richard un couple déstabilisé par l’irruption d’un intrus sur leur péniche. La mise en scène de Marie Vermillard se caractérise par une certaine distance, sans doute une marque de pudeur, avec le risque de frustrer le spectateur à qui elle raconte des histoires pourtant très intimes. Avec Jacques Maillot, c’est un peu l’inverse. Aussi bien dans Corps inflammables que dans 75 cl de prière, sa caméra nerveuse est au plus près des êtres. Corps inflammables, beau titre physiologique, trahit sa propension à filmer des pulsions qui bouleversent ceux chez qui elles s’imposent, jusqu’à une trêve éphémère : des retrouvailles en musique dans le jardin ensoleillé d’une maison de repos. Argument proche dans 75 cl de prière : comment un drôle de jeu autour d’une bouteille remplie de vœux peut bouleverser une soirée entre amis et amener chacun à se révéler. Cette fois, l’acteur fil rouge d’un film à l’autre est le remarquable Olivier Py. Enfin, on a gardé notre chouchou pour la fin : Faute de soleil de Christophe Blanc, la rencontre amoureuse entre Lucie, une strip-teaseuse, et Jean, qui vient de perdre la vue. Caméra à l’épaule, Blanc se cogne aux personnages, confronte le spectateur au malaise qui suinte de leurs échanges. Très vite, ils se retrouvent dans un face-à-face asphyxiant où la cruauté des sentiments le dispute à la crudité du désir sexuel. Un film qui ne cherche pas à séduire le spectateur, mais le bouscule au contraire sérieusement.
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