L’éditeur Hachette Education va modifier une partie de son nouveau manuel d’histoire à destination des classes de premières générales. Certains passages sur Israël et la Palestine ont été considérés comme « contestables » par l’éditeur après l’indignation d’associations juives. Le coordinateur du livre s’explique.
D’un côté Pascal Zachary, coordinateur du nouveau manuel d’histoire contemporaine d’Hachette est vu comme un « antisémite », de l’autre, comme l’historien tombé « sous la pression ». C’est ainsi que ce professeur d’un lycée de Nancy décrit sa situation depuis que Hachette Education a accepté de modifier des passages d’un nouveau manuel d’histoire destiné aux lycéens de première. L’auteur s’explique:
« Le passage qui fait polémique ne concernait pas comme on a pu le dire le partage d’Israël et de la Palestine, mais il portait sur l’intervention de l’ONU sur cette question. »
Richard Pasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, considère que les auteurs ont fait « une interprétation du conflit israélo-palestinien tout à fait scandaleuse ». Dans un communiqué, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a, lui, reproché aux auteurs « d’interpréter les faits historiques », de « tronquer la vérité » et de « prendre parti ». Ces derniers ont contacté le ministère de l’Education nationale pour lui demander le retrait de ce livre « bourré d’erreurs et de mensonges »:
« Un tel manuel est de nature à formater tous les adolescents français à une sorte de palestinisme, qui incite de façon insidieuse à cette haine d’Israël qui depuis 11 ans pousse à l’acte antijuif. »
Résultat de ces critiques: avant la distribution aux élèves de premières, plusieurs mots seront changés dans le manuel. Le mot « Nakba » (traduit par « catastrophe » et qui désigne dans le monde arabe l’éxode qui a suivi a création de l’Etat d’Israël en 1948) par exemple sera remplacé par le « mot plus neutre » d’« exode »:
« Il n’y a pas eu que des expulsions mais également de départs volontaires, des gens qui on fuit la guerre. On va en prendre compte dans nos modifications. Certains mots ont plusieurs aspects », précise Pascal Zachary.
A la place du « conflit entre deux Nations », comme il était écrit dans cette double page, l’éditeur devrait nuancer le tout en remplaçant « nations » par « peuples ». Dans une iconographie, les lycéens auraient du se pencher sur la conquête ayant « entraîné l’exode ». Après modifications, la conquête devrait prendre la forme d’« opération militaire ».
Pascal Zachary assure qu’il ne cède à aucune pression, il veut d’abord dit-il, sortir d’une polémique « inintéressante ». Il ne s’agit pas non plus de jouer sur les mots:
« On neutralise, mais on ne subit pas la pression. Il est difficile d’analyser les mots à l’aune de toutes les mémoires, j’aimerais que tous ces gens s’intéressent plutôt au contenu du manuel, au travail qu’ont réalisés tous les auteurs. »
En clair, le mot d’ordre du professeur est « l’apaisement »:
« Ce sont des questions sur lesquelles on est attendu, des sujets sensibles car ils touchent la mémoire collective, il faut toujours se rappeler que l’enseignement est un enjeu. »
Un enjeu sur lequel le ministère de l’Education nationale n’est s’est pas encore exprimé. Pascal Zachary, lui, se dit serein pour la suite et donnera ses cours dans son lycée de Nancy normalement à la rentrée.
Le manuel qui n’était jusque-là qu’un « spécimen », c’est à dire une sorte d’ébauche envoyée aux professeurs avant impression définitive, sera, une fois les modifications faites, distribué aux élèves de premières S, ES et L, dans le cadre des nouveaux programmes scolaires.
Jean-Philippe Louis