Fondé sur la littérature de gare, les chromos de romans-photos, Rien ne va plus ne fait que refléter vainement ces clichés et finit par ressembler à du Mocky auteuriste.
L’intrigue de Rien ne va plus est à dormir debout. Elle commence par une arnaque réussie, se poursuit par la séparation temporaire du « couple » d’escrocs Serrault-Huppert (tous deux en roue libre, genre « On parie que j’arrive à en faire encore plus que toi ? »), continue par leur désunion apparente l’espace d’un « gros coup », et se termine par leurs retrouvailles émues. Entre-temps, Chabrol nous aura baladés (c’est bien le mot) des Alpes suisses à la Guadeloupe, et retour. Et tout ça se voudrait une comédie d’essence lubitschienne… En fait, on dirait du Mocky des bons jours, du Mocky propre sur lui, avec ce même goût du « n’importe quoi » qui caractérise l’auteur de La Machine à découdre, ces « gueules » (Berroyer, Benguigui), ces caricatures esquissées à grands traits (la vieille nympho à caniche qui poursuit Serrault de ses assiduités), ces acteurs-monstres et ce sens du dérisoire. Mais tout le talent du Mocky inspiré consiste à traiter son « n’importe quoi » n’importe comment, très vite. Or, Chabrol se traîne, il insiste lourdement au lieu de glisser à la va-comme-je-te-pousse. Lui qui se préoccupe tant de « construction » semble avoir oublié que le rythme lubitschien est d’abord fondé sur l’ellipse folle mais rendue invisible, le vide béant érigé en système narratif (Truffaut appelait ça « les trous dans le gruyère » ). Au lieu de retrancher, Chabrol ne songe qu’à en rajouter, toujours un peu plus, au cas où on n’aurait pas bien compris. Mais compris quoi, au juste ?
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