Figure kitsch de la culture populaire américaine, la “cheerleader” incarne les émois d’un peuple entier.
Depuis un siècle, l’Amérique les regarde courir, sauter et sourire sur tous ses stades. Les pompom girls, ou cheerleaders en V.O., avec leurs pompons bariolés et leurs jupes courtes, offrent au pays un miroir reflétant l’image d’un rêve originel : celui d’un peuple joyeux, sportif, attaché à son territoire.
Cet archétype féminin est un « corps conducteur » qui alimente la réflexion sur la culture populaire américaine, analyse Olivier Joyard (journaliste aux Inrocks) dans une enquête au bout du mythe US.
Au fil d’un voyage le menant du Texas à l’Iowa, le journaliste observe les rites de ces chattes élancées sur les pistes brûlantes de l’Amérique. Du cinéma aux séries, des arts plastiques au roman, Joyard explore les divers champs culturels qui impriment dans l’imaginaire les traces de ces reines du lycée, taille fine, cuisses musclées, poitrine généreuse, à l’image des sulfureuses Dallas Cowboys Cheerleaders.
La cheerleader tient l’Amérique par les couilles
L’érotisme de la cheerleader sature la libido américaine, comme l’illustre la célèbre scène d’American Beauty où Kevin Spacey, subjugué, fantasme une pom-pom girl recouverte de pétales de fleurs. Objet de fascination sexuelle, la cheerleader tient l’Amérique par les couilles autant que par les pompons.
Pour autant, elle peut véhiculer une image secrètement subversive et moins aseptisée, comme s’y emploient les radical cheerleaders ou les danseuses afro-américaines. « Populaire ou alternative, la cheerleader est faite de morceaux disjoints qui racontent le pays », explique Joyard. A partir de stéréotypes qui la caractérisent, elle se transforme et renvoie à la conscience de l’Amérique les ambivalences de ses mythes fabriqués et de ses paradis artificiels : un jeu de dupes sous les jupes des filles.
Jean-Marie Durand
Cheerleaders, un mythe américain Documentaire d’Olivier Joyard.
Mardi 5 juillet, 22h30, Arte