Paru en 2005, Employment, le premier album des Kaiser Chiefs n’a pas mis longtemps à effectuer son travail de sape sur les âmes en masse, à pénétrer chaque chambre, salon ou autoradio des nations britanniques : il s’en est écoulé plus de deux millions en Grande-Bretagne, sans compter les camions de singles (Everyday I Love […]
Paru en 2005, Employment, le premier album des Kaiser Chiefs n’a pas mis longtemps à effectuer son travail de sape sur les âmes en masse, à pénétrer chaque chambre, salon ou autoradio des nations britanniques : il s’en est écoulé plus de deux millions en Grande-Bretagne, sans compter les camions de singles (Everyday I Love You Less and Less, I Predict a Riot?). Extraordinaire sur scène ? ceux qui les ont vus se demandent encore où et quand la superballe humaine Ricky Wilson va atterrir ?, le groupe a tourné sans fin, dans des salles de plus en plus obèses, des festivals de plus en plus gargantuesques. Jusqu’à faire les premières parties de U2 dans des stades : on peut difficilement faire plus gros.
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C’est pourtant tout l’objectif. Car est venu le moment fatidique, souvent cruel, du deuxième album. Et passé un certain point, le rock est comme la bicyclette : arrêtez d’avancer et vous vous casserez la gueule. Pas vraiment des parangons de la décroissance, ces Kaiser Chiefs, ayant pondu de l’énorme avec Employment, se devaient de faire plus massif encore avec Yours Truly, Angry Mob ? on a vite fait de se faire laminer par l’ignoble backlash, ce retournement sadique de popularité, ce vicieux plaisir pris à voir quelqu’un chuter lourdement de son sommet personnel.
Effectivement, les Kaiser Chiefs n’ont rien perdu de leur taylorisme tubesque et ont même réussi à perfectionner leurs méthodes industrielles de production en série de number one hits. N’y voyez aucune insulte ou péjoration, car le savoir est ici maîtrisé avec une certaine noblesse, la joie et la naïveté de gamins lâchés une nuit dans un magasin de jouets, ou du moins un cynisme bien dissimulé derrière une bonne dose d’humour. N’oubliez pas non plus que Blur, avant les expérimentations, est aussi passé par là. Comme chez Franz Ferdinand, ces morceaux sont taillés autour d’un objectif évident : imposer un diktat pop de Kaiser, mettre en scène de manière autoritaire les émotions et réactions des foules en fusion collective.
Direct comme un uppercut, plus lourdement produit qu’Employment, Your Truly, Angry Mob s’ouvre ainsi sur un morceau drôle et collant comme le sparadrap du capitaine Haddock, son premier single Ruby ? et on entend déjà le nouveau Wembley trembler de ce Ruby Ruby Ruby titanesque. Entre deux morceaux un peu moins réussis, on s’engluera, ici encore, dans une impressionnante collection de refrains bulldozer : le final formidable de The Angry Mob, Everything Is Average Nowadays, la théâtrale My Kind of Guy. Des grosses chansons à reprendre entre deux pintes de lager : messieurs Carlsberg et Carling peuvent se frotter les mains, leur business se prépare de beaux lendemains.
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