Dernier volet de la trilogie consacrée par Gregg Araki à « l’apocalypse adolescente », Nowhere passe au Karcher MTV le quotidien teenage californien.
NOWHERE
de Gregg Araki, avec Chiara Mastroianni, Rachel True, James Duval (1997, E-U, 85 mn)
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Circa 95, à l’heure où Larry Clark passe de la photo au cinéma en faisant de Kids la pierre inaugurale de son autel filmique à l’adolescence américaine white trash, sort en France The Doom Generation, d’un dénommé Gregg Araki, deuxième volet d’une trilogie baptisée en toute décomplexion Teen Apocalypse, et dont ce Nowhere est le point final. Historiquement, Araki est donc l’un de ces cinéastes qui ont rendu à l’adolescence perdue sa place centrale parmi les thèmes fétiches du cinéma américain indépendant. Mix hardcore de zapping MTV (des couleurs criardes sursaturées jusqu’à la bande originale sans aucun déchet : Radiohead, Chemical Brothers, Massive Attack, et notre super chouchou Two of Hearts de Stacey Q), de teenage movie déluré (obsession de la baise, de la fête, de la musique et de « qui a les ecstas ? »), de la littérature de Dennis Cooper ou de Bret Easton Ellis (zéro problème d’argent, et beaucoup de garçons n’ayant qu’une idée en tête : bouffer des culs, encore et encore, que ce soit celui de filles ou de garçons, peu importe), de sitcoms à la Beverly Hills (on disserte pendant des heures sur qui va sortir avec qui, ou si Untel va m’inviter ou pas à sa fête, en se repeignant les ongles), d’hypnose télévangéliste, de série B avec monstre tirant sur tout ce qui bouge, de viol hardcore, etc.
A l’arrivée, on pourrait craindre la bouillie immangeable. Or, non, Araki garde son cap. Il filme des adolescents qui ont traversé le miroir coctalien de leurs fantasmes, si bien qu’on ne sait jamais si on est dans leur réalité ou leur imaginaire. Et c’est très bien comme ça.
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