The Earlies, assemblée hétéroclite et poreuse d’une quinzaine de membres ? dont quatre forment le noyau dur ? conçoit ses chansons comme une grande ébullition collective et partage généreusement ses expériences hallucinogènes. Leur devise : Pourquoi faire compliqué lorsqu’on peut faire très compliqué.?. Du Beta Band à I’m From Barcelona en passant par les Polyphonic […]
The Earlies, assemblée hétéroclite et poreuse d’une quinzaine de membres ? dont quatre forment le noyau dur ? conçoit ses chansons comme une grande ébullition collective et partage généreusement ses expériences hallucinogènes. Leur devise : Pourquoi faire compliqué lorsqu’on peut faire très compliqué.?.
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Du Beta Band à I’m From Barcelona en passant par les Polyphonic Spree, on est habitué depuis des années à croiser des spécimens de groupes à dimension ubuesque, aucun pourtant n’était allé aussi loin que The Earlies dans la dispersion, l’éclatement tant musical que géographique. En effet, certains d’entre eux vivent en Angleterre, à Manchester, pendant que les autres sont basés à Abilen, en plein Texas rural. Ils se retrouvent pour des tournées bohèmes avec roadies, manager, femmes et enfants, composent via l’Internet et insistent sur leur capacité à improviser, non seulement en studio mais aussi à distance, ajoutant une louche supplémentaire d’incongruité malicieuse à leur fonctionnement d’usine à gaz ? laquelle, par magie, se métamorphose sur disque en machine à rêves.
En 2004, The Earlies avaient couru un risque majeur ? mais parfaitement mesuré ? en intitulant leur premier album These Were the Earlies, comme s’il s’agissait d’un de ces trésors enfouis tardivement exhumés du tréfonds des années 60 par quelque Indiana Jones de la critique musicale. L’idée consistait surtout à mettre sous cloche les premières intentions d’un groupe encore informel.
Ingénieur du son de formation, le Texan John-Mark Lapham débute quasiment seul à l’origine en créant, majoritairement à l’aide de samples et de machines, une espèce d’excroissance mouvante et organique de son studio-laboratoire. Les early Earlies n’avaient donc rien en commun avec la grande parade qui se matérialise aujourd’hui avec The Enemy Chorus, second album aux dimensions déraisonnables, dont les chansons sont régulièrement secouées par des spasmes électroniques, puis jetées à l’intérieur d’une grande centrifugeuse où l’on croise aussi bien la secte kobaïenne Magma (grosse influence revendiquée par The Earlies), les musiques de films métalliques de John Carpenter ou oniriques de Danny Elfman, les fresques chorales et symphoniques de Jean-Claude Vannier et tout un assemblage de sons qui partent en vrille, en spirale, en couilles parfois, dans une fusion pourtant étrangement légère et aérienne malgré la lourdeur de ses composants, notamment due à un impressionnant travail sur les voix.
Alors que depuis plus d’une décennie, le rock semble jouer un remake sonore de Retour vers le futur, The Earlies font partie de ces quelques rebrousseurs de poils qui inventent un autre genre d’anachronisme qui mérite de faire école et que l’on intitulera ainsi : avancée vers le passé?. Une façon comme une autre d’être irréductiblement contemporain.
En concert aux Inrocks Indie Club, le 15 mars 2007 à Paris (la Maroquinerie): www.lesinrocks.com/inrocksindieclub
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