Marcel Proust serait content. Car cette année, la recherche de la Nouvelle Star sera celle du temps perdu. Le jury du télé-crochet sadique peut remballer ses calicots, sa Tortue, ses tortures, le nom de la nouvelle star 2007 est déjà connu et il s’agit d’un prénom, voire d’un surnom : Mika. Ne cherchez pas à […]
Marcel Proust serait content. Car cette année, la recherche de la Nouvelle Star sera celle du temps perdu. Le jury du télé-crochet sadique peut remballer ses calicots, sa Tortue, ses tortures, le nom de la nouvelle star 2007 est déjà connu et il s’agit d’un prénom, voire d’un surnom : Mika. Ne cherchez pas à comprendre, ce garçon n’est pas comme vous, pas comme nous. Il a dû naître dans un berceau à paillettes disco, ou dans une lampe d’Aladin, ou plus sûrement dans les rêves d’enfant du jeune adulte souriant et hypercharismatique qu’il est devenu.
Son premier album ne s’intitule pas Life in Cartoon Motion pour rien, tant son monde bubblegum est situé loin du nôtre. Chez Mika, les chansons taillent XXL, elles sont à rayures, colorées. Il vient d’ailleurs d’être choisi pour représenter la marque Paul Smith. Chez lui, même si ça peut légèrement effrayer au départ, on voit Freddie Mercury rouler des galoches à Rufus Wainwright, les Bee Gees 60 s piquer leurs costards blancs aux Bee Gees 70 s, Michael Jackson faire enfin un usage intelligent du catalogue des Beatles qu’il s’est offert sur un caprice. En dix irruptions d’une pop extravertie mais pas si futile, vaniteuse et généreuse à la fois, ponctuellement dansante mais continuellement euphorisante, Mika ringardise Robbie Williams, coupe la chique aux Scissor Sisters et prend la tête de cortège d’une jeune génération hédoniste qui promet de secouer le cul de l’Angleterre cette année. Just Jack, Mika, bientôt Jamie T., dans des styles très disparates, devraient ainsi faire chuter lourdement les ventes de Prozac et augmenter par effet de balancier celles des confettis.
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La souplesse d’interprète de Mika, au diapason de sa curiosité, lui autorise tous les grands écarts. Freddie Mercury demeure un modèle, mais il préfère citer, dans un même élan, Harry Nilsson et Prince. Soit le plus vulnérable des pop-singers et la plus arrogante des superstars, éclairant raccourci de sa conduite personnelle, qui irradie d’un bout à l’autre Life in Cartoon Motion. Un disque déraisonnable, gonflé dans tous les sens du terme, rempli comme un oeuf de mélodies énormes, d’arrangements gargantuesques, de cuivres, de cordes, de chorales d’enfants, de pianos en cascades, de beats uppercuts, d’exercices de voltige vocale qui donnent le vertige, retournent parfois l’estomac mais comblent d’aise ceux pour qui la musique populaire ne doit pas nécessairement relever de l’ascèse et du recueillement cérébral.
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