Grâce à la vidéo et aux déclarations d’amour de cinéastes comme Quentin Tarantino ou Tim Burton, le cinéma d’exploitation américain est l’objet depuis quelques années d’un regain d’intérêt auprès des cinéphiles et du grand public friand de second degré. La principale qualité de ce documentaire est de donner la parole aux artisans et aux admirateurs […]
Grâce à la vidéo et aux déclarations d’amour de cinéastes comme Quentin Tarantino ou Tim Burton, le cinéma d’exploitation américain est l’objet depuis quelques années d’un regain d’intérêt auprès des cinéphiles et du grand public friand de second degré. La principale qualité de ce documentaire est de donner la parole aux artisans et aux admirateurs de cette part maudite du cinéma américain, dépourvue de prétention artistique, dont le seul souci est la rentabilité, et qui décline depuis les années 60 deux ingrédients immuables, le sexe et la violence, en se métamorphosant suivant les modes et les publics (nudies, films gore, surf movies, biker movies, films psychédéliques, blaxploitation). En comparant certaines séries Z à des manifestations involontairement proches de l’art brut ou du happening, John Landis est le seul à dépasser le stade de l’anecdote ou de l’expérience professionnelle, pour apporter une dimension critique à ce document. Il distingue les bateleurs de foire (David Friedman et Hershell Gordon Lewis, pionniers du cinéma érotique et sanglant, Harry Novak, le réalisateur du très bizarre Kiss me quick) des véritables « auteurs », principalement Russ Meyer et Ed Wood, cinéastes marginaux dont les films témoignent effectivement d’une conception du monde très personnelle, c’est-à-dire proche de la démence ! Cependant, Landis n’a pas tort. Le fait que ces systèmes de production aient engendré des réalisateurs non négligeables (Jack Hill, Larry Cohen par exemple) et même des stars (la sublime Pam Grier, héroïne de Foxy Brown et Coffy, la panthère noire de Harlem) constitue la meilleure raison d’apprécier le cinéma d’exploitation, au-delà des ricanements déplaisants des amateurs de kitsch et de débilité.
Le documentaire de Doug Headline et Dominique Cazenave ne s’affranchit malheureusement pas de l’habillage branché de la chaîne cryptée, et les courts extraits de films placés en contrepoint visuel des propos des intervenants (à la manière de la série culte Dream on de John Landis) sont drôles mais provoquent parfois un parasitage à l’ironie un peu facile. Il ne reste plus qu’à souhaiter que la télévision réserve dans l’avenir un sort identique au cinéma bis européen, encore plus fertile en œuvres délirantes et en cinéastes passionnants (Mario Bava et Jess Franco en tête).
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