Parfois injustement considérés comme les ombres pâles de Godspeed You! Black Emperor, leurs terribles et fascinants compagnons d’écurie, les Montréalais de Do Make Say Think n’ont pourtant cessé, en dix années d’une carrière aussi riche qu’ingrate, de jouer sans filet avec les fils cassants qui relient le jazz, le folk, le rock et les musiques […]
Parfois injustement considérés comme les ombres pâles de Godspeed You! Black Emperor, leurs terribles et fascinants compagnons d’écurie, les Montréalais de Do Make Say Think n’ont pourtant cessé, en dix années d’une carrière aussi riche qu’ingrate, de jouer sans filet avec les fils cassants qui relient le jazz, le folk, le rock et les musiques expérimentales. Chercheurs impénitents d’un au-delà plus vaste, fertile et vierge, ils ont attendu ce cinquième album pour chanter ? psalmodier ? leur rock déjà pourtant sacrément éloquent et suggestif quand il était muet. A la fois physique et cérébral, ce rock fascine quand il trouve son équilibre, haletant, chancelant, entre le charnel et le mathématique, à la fois fiévreux, exalté, et robotique, comme sur un The Universe! qui met de l’huile sur Arcade Fire avec son ahurissant finale de cuivres libérés. Mais dès l’imposant Bound to Be That Way qui ouvre, on sentait que le groupe avait trouvé une fougue, une dynamique, un allant inédits : il brasse désormais avec une liberté et une fluidité neuves les instruments acoustiques les plus délicats comme l’électricité la plus fauve, les percussions les plus hargneuses comme les cuivres les plus altiers. C’est cette souplesse d’exécution, cette nonchalance, presque, de jeu, qui rend aujourd’hui le groupe, hier parfois trop austère et rigide, si attachant, voire nécessaire : le seul espace où dialoguent les musiques de Penguin Cafe Orchestra et d’Arcade Fire.
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