Avec Méprise multiple, Kevin Smith se retrouve dans la situation d’un Doctor Feelgood à qui on aurait confié un studio 32-pistes et une section de cordes : égaré sur un terrain trop vaste pour lui, il ne sait trop que faire des possibilités nouvelles qui lui sont offertes. Le meilleur de ce troisième film reste […]
Avec Méprise multiple, Kevin Smith se retrouve dans la situation d’un Doctor Feelgood à qui on aurait confié un studio 32-pistes et une section de cordes : égaré sur un terrain trop vaste pour lui, il ne sait trop que faire des possibilités nouvelles qui lui sont offertes. Le meilleur de ce troisième film reste ce qui faisait le prix de Clerks : un vrai punch dans les dialogues, un rapport fort aux tourments existentiels de l’adolescence banlieusarde, un regard précis sur la solitude amoureuse et le questionnement sexuel, un humour décapant. Mais Clerks bénéficiait, si l’on peut dire, de son manque de moyens : le paupérisme initiait une forme minimale (lieu unique, noir et blanc) et cohérente avec son propos (la dèche financière et morale). Ici, armé de la couleur et de moyens plus importants, Kevin Smith essaie de porter son univers adolescent et trivial vers la maturité et les sentiments. Mais la plupart des scènes romantiques sont ratées, traînent en longueur ou s’engluent dans la mièvrerie la plus banale. Signe de l’indécision du réalisateur, la fin du film qui n’en finit pas. De plus, le filmage est au mieux très plat, au pire carrément laid et la mise en scène est totalement dénuée d’inventivité. Kevin Smith est certainement un dialoguiste talentueux, un auteur potentiel de sitcoms intéressants, drôles et vachards. Notre méprise consiste à l’avoir pris pour un cinéaste.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}