Un comique à succès revient dans sa ville natale, Liévin, pour parrainer une manifestation culturelle. Je ne vois pas ce qu’on me trouve s’attache à décrire avec précision les 24 heures de cette journée : les sentiments contrastés de la vedette qui revoit une ville qu’il a sans doute fuie à toutes jambes trente ans […]
Un comique à succès revient dans sa ville natale, Liévin, pour parrainer une manifestation culturelle. Je ne vois pas ce qu’on me trouve s’attache à décrire avec précision les 24 heures de cette journée : les sentiments contrastés de la vedette qui revoit une ville qu’il a sans doute fuie à toutes jambes trente ans plus tôt, son ennui à peine masqué devant ses obligations diverses, son envie d’une aventure sexuelle avec la jeune guide qui le prend en charge… Pierre est un artiste qui ne s’aime pas, estimant que son succès tardif repose sur un malentendu. Pierre est (fort bien) joué par Berroyer et il n’est pas difficile de déceler une teinte autobiographique dans ce personnage plutôt (désab)usé et pas dupe de son statut. L’aspect vulnérable et antipathique de Pierre, l’interprétation de Berroyer (et de Karin Viard) constituent le meilleur de ce film. Pour le reste… Le thème de la tragédie intime du clown a déjà été traité au cinéma, et plutôt excellemment, par Chaplin, Woody Allen ou encore Scorsese dans le superbe La Valse des pantins. Rien de franchement neuf ici, donc. Par ailleurs, le regard de Christian Vincent sur la province est plutôt condescendant, partagé entre angélisme (les gens du Nord sont « simples et chaleureux ») et caricature. Tout ça ne serait pas grave si on arrivait à saisir ici une seule idée forte de cinéma. Or, Vincent ne semble pas vouloir profiter de la cinégénie du Nord : il cadre quasiment tout son film en gros plans, serrant visages et corps dans une lumière platement télévisuelle, privilégiant les lieux moches et banals (train Corail, résidence universitaire, salle de spectacles, couloirs anonymes…). On sent que ce qui intéresse Vincent à travers cette histoire d’un « événement » qui n’en finit pas de se déballonner et par-delà la problématique du succès, c’est saisir une certaine médiocrité ontologique de la France moyenne façon reportage en direct (Je ne vois pas ce qu’on me trouve pourrait d’ailleurs aussi bien se lire Je ne suis qu’un type médiocrement normal ). Et pourquoi pas ? Malheureusement, en filmant platement un empilement de médiocrités comique médiocre, personnage médiocre, lieux médiocres, situations médiocres , Vincent avait toutes les chances d’aboutir à un film médiocre. Fatalement.
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