Première diffusion en clair de la saga historique sur Arte. L’occasion de revoir ce classique du milieu des années 2000.
Voilà l’été et avec lui les bonnes occasions pour le sériephile de réviser les épisodes précédents, voire de combler ses lacunes honteuses. Dans le genre tranquille, limite cancre, il peut décider de rattraper la saison 6 de Dr House en DVD (Fox). Ce n’est pas une mauvaise idée, mais ça n’a rien de très sérieux non plus.
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Lorsqu’on a du temps, pourquoi ne pas s’adonner à un plaisir plus original et laisser glisser son humeur sur des objets un tantinet risqués ? Le frisson est garanti. Si on osait quelques conseils, on suggérerait aux retardataires de se mettre à jour sur Breaking Bad avant le début de la quatrième saison le 17 juillet sur AMC. On prierait les derniers irréductibles de se lancer dans la prodigieuse aventure de Friday Night Lights. L’une des grandes séries actuelles vient de se terminer en début d’année. Elle montre entre autres merveilles la vie quotidienne d’une bourgade du Texas sublimée par les lumières de fin d’après-midi. Les cinq saisons n’attendent que vous.
Il existe encore une autre possibilité, pas forcément incompatible avec les précédentes mais un peu plus vintage, qui consiste à regarder la télévision comme le faisaient papa et maman (et nous, d’accord, il n’y a pas si longtemps), c’est-à-dire en se plantant à heure fixe devant son poste.
Arte nous offre Rome et ses sandales maculées de sang
Après Twin Peaks, un peu sacrifiée car diffusée depuis le printemps uniquement en version française, Arte nous offre Rome, ses sandales maculées de sang, son impayable atmosphère de stupre. En version multilingue, s’il vous plaît. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une nouveauté. Créée par John Milius, William J. MacDonald et Bruno Heller (qui faisait office de showrunner), la série a vécu deux saisons, entre 2005 et 2007.
HBO a ensuite décidé de stopper, pour des coûts de production trop élevés. Le tournage à Cinecittà, c’était too much, même avant la crise. Rome a déjà été diffusée sur Canal+, mais elle atteint les ondes gratuites pour la première fois.
On peut d’abord voir (ou revoir) la série pour ses qualités propres, pas classiquement « historiques ». Aimer son travail sur les codes du péplum revus à l’aune des standards agités du câble américain des années 2000 suffit à notre bonheur. La greffe surprend au début, mais le souffle épique et la fureur désirante des personnages forcent le respect.
La série qui amorça l’engouement actuel pour les sagas historiques
Les intrigues de palais sont autant de prétextes à des glissements dans la fange. Sous les toges et les capes se cachent des corps en furie, que la série ne se prive pas d’exhiber tôt ou tard – le plus souvent tôt. Même si la frontalité a remplacé toute forme de suggestion, rien ne paraît complaisant. Excitation.
L’autre raison de jeter un oeil sur Rome en 2011 a trait à son importance objective. La création de Bruno Heller a initié l’engouement actuel pour les séries historiques, comme si les barrières qu’elle s’était permise de franchir avaient révélé l’imaginaire d’une époque adoratrice du passé. Les Tudors ont suivi, puis l’extravagante Spartacus : Blood and Sand, jusqu’à Game of Thrones, même si cette dernière se classe du côté de l’heroic fantasy.
On ajoutera les deux séries concurrentes consacrées aux Borgia sur Showtime et Canal+, ainsi que les cas particuliers Boardwalk Empire (années 1920) et Mad Men (années 1960). La liste est encore longue. Ringardisée au début du siècle, la saga historique est devenue un passage obligé pour toute chaîne qui veut afficher sa puissance. Revoir l’originale aide à y voir plus clair.
Olivier Joyard
Rome saisons 1 et 2. Tous les mercredi soirs à 20 h 40 sur Arte (VM)
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