Jazz attacks. Les Allumés Du Jazz tentent d’embraser un foyer de résistance face à l’uniformisation galopante de la création. >Les Allumés Du Jazz ! C’est sous ce délicieux sobriquet qu’ont décidé de se rassembler une petite vingtaine de labels dits indépendants pour présenter à prix réduits une sélection de trente-quatre références extraites de leurs catalogues. […]
Jazz attacks. Les Allumés Du Jazz tentent d’embraser un foyer de résistance face à l’uniformisation galopante de la création.
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>Les Allumés Du Jazz ! C’est sous ce délicieux sobriquet qu’ont décidé de se rassembler une petite vingtaine de labels dits indépendants pour présenter à prix réduits une sélection de trente-quatre références extraites de leurs catalogues. L’entreprise est donc avant tout commerciale. Du 1er au 28 février, il s’agit très concrètement de faire connaître au plus grand nombre une constellation de labels qui, au-delà de leurs différentes orientations esthétiques ou idéologiques, ont en commun d’exister (de survivre !) en marge des majors… Le propos peut apparaître un peu trivial et « boutiquier », il est en fait éminemment politique : comment continuer de produire et diffuser, dans un marché néolibéral de plus en plus acculturé et ségrégationniste, des musiques vivantes, aventureuses, par nature réfractaires à leur réduction en produits de consommation, et par ailleurs exclues de toute représentation médiatique ou publicitaire ? Plus généralement, comment résister à l’appauvrissement culturel auquel semblent nous condamner inexorablement les nouvelles règles du jeu économique ? On voit que la portée du problème dépasse de loin la survie de tel ou tel de ces labels ; c’est, à travers eux, la richesse et la diversité du paysage musical qui est en jeu. L’alternative qui se dessine est terrifiante : la disparition pure et simple de toute différence ou la constitution de réserves culturelles gracieusement ménagées par le système, histoire d’annihiler toute velléité de révoltes contre l’ordre établi. Reste à savoir si la réponse apportée est à la mesure du péril. S’agit-il d’une simple association d’intérêt le temps d’une opération de sauvetage ponctuelle destinée à épurer les fonds de catalogue et éponger très temporairement quelques dettes ? L’indépendance, au départ simple réalité économique, devient alors une étiquette publicitaire et le mouvement est récupéré dans l’instant par le marché. Ou bien s’amorce-t-il là les prémices d’une contre-offensive, la constitution d’un axe de résistance capable à terme de proposer de véritables solutions alternatives, en faisant de l’indépendance non pas un état de fait, mais un état d’esprit ? La question reste entière… l’enjeu, de taille. Cela étant, si l’on dresse un état des lieux de la production indépendante à partir des disques sélectionnés, se dessine une cartographie complexe qui d’un point de vue purement esthétique donne bien des raisons d’espérer. On retiendra la belle liberté orientée du groupe Kartet, le lyrisme épuré d’Anthony Ortega, celui plus tumultueux de Sam Rivers deux géants de l’histoire du jazz oubliés par les majors (pas assez rentables), ressuscités à ces occasions , l’hommage raffiné à Mingus de Steve Lacy et Eric Watson, la mémoire vive et libertaire des Outlaws In Jazz, le premier disque en leader du trompettiste Jean-François Canape, le nomadisme musical d’Henri Texier. Une liste ouverte qui reflète bien l’extrême diversité des univers proposés où, à côté des « glorieux anciens » de Label Bleu, sorte de vitrine officielle du jazz français, à Nato, label emblématique d’une certaine résistance artistique, libertaire et iconoclaste, en passant par Ida Records et Free Lance, attachés à une vision plus conforme et traditionnelle du jazz émergent ou se confirment toute une série de jeunes labels entreprenants. La lutte continue…
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