Un banquier solitaire et misanthrope, aussi riche que désagréable (Michael Douglas, dont l’air constipé convient parfaitement au rôle), reçoit de son frère cadet qu’il ne voit pratiquement jamais (Sean Penn, engagé pour faire le guignol quelques minutes) un étrange cadeau d’anniversaire : l’invitation à un jeu entouré de mystère. Poussé par la curiosité, le triste […]
Un banquier solitaire et misanthrope, aussi riche que désagréable (Michael Douglas, dont l’air constipé convient parfaitement au rôle), reçoit de son frère cadet qu’il ne voit pratiquement jamais (Sean Penn, engagé pour faire le guignol quelques minutes) un étrange cadeau d’anniversaire : l’invitation à un jeu entouré de mystère. Poussé par la curiosité, le triste milliardaire se retrouve bientôt entraîné dans une spirale d’événements inquiétants qui vont en quelques mois détruire un univers patiemment érigé. The Game semblait un sujet en or pour David Fincher, cinéaste venu du clip et coqueluche des cinéphages branchés (avec Alien 3 et surtout Seven, il s’est imposé comme le Russell Mulcahy des années 90), essentiellement préoccupé par l’élaboration d’une atmosphère oppressante et la manipulation systématique du spectateur. Seven exhibait une mécanique à la perfection vaine, avec un scénario bétonné capable d’inspirer une fascination bien suspecte. Mais comme la gratuité s’inscrivait au coeur du film, Seven devenait presque inattaquable. Le contrat était rempli, on ne pouvait que le déplorer. Au contraire, le scénario de The Game inutile de s’attarder sur la mise en scène de Fincher, aussi artificielle que prétentieuse foire de tous les côtés. Le réalisateur a en effet voulu reprendre la recette de son film précédent pour l’adapter à un projet plus ambitieux, autrement dit un conte édifiant. Après un début prometteur, qui nous laisse espérer du Kafka, le récit s’enlise dans un interminable jeu de rôles pour riches névrosés en manque de sensations fortes, dont chaque nouveau coup de théâtre parvient à être plus ridicule que le précédent. The Game reste curieusement impuissant à développer l’interactivité en germe dans son sujet et qui, héritée des jeux vidéo, tend de plus en plus à court-circuiter la narration cinématographique du cinéma contemporain. Il est vrai que l’expérimentation se résume chez Fincher aux habituels bidouillages visuels des génériques de ses films. Truffée d’invraisemblances, cette histoire idiote est pour conclure plombée par une morale des plus déplaisantes, véritable apologie du fric. The Game n’est donc pas seulement un film raté, c’est surtout une des productions les plus antipathiques de l’année, dont la monstruosité finit par se retourner contre un cinéaste irresponsable et beaucoup moins malin qu’il ne le croit.
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