L’association Osez le féminisme l’annonçait depuis déjà un mois, sa campagne « Osez le clito » allait frapper fort. Et les militantes ne nous ont pas déçus. Pour leur campagne, qui veut redonner ses lettres de noblesse à un organe féminin « trop délaissé », elles ont sorti la grande artillerie. Quitte à diviser, au sein même de la gent féminine.
10 000 clitoris géants affichés dans toute la France. C’est le support de la nouvelle campagne d’Osez le féminisme (OLF), qui lance son opération Osez le clito. Au programme, page Facebook, site dédié dans lequel on pourra trouver un recueil de poèmes, des cours d’éducation sexuelle pour les retardataires et des vidéos.
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« La libération sexuelle n’est pas terminée », explique Caroline de Haas, présidente du mouvement. Par exemple, la dernière expo sur la sexualité pour les enfants à la Villette (Le zizi sexuel, NDLR) expliquait que le clitoris servait à faire pipi. C’est comme si on nous expliquait qu’on pouvait passer le permis avec une brouette. »
L’initiative est louable et le site Internet compile des informations, pas forcément nouvelles mais intéressantes sur le clitoris. « Maîtriser son corps passe aussi par la connaissance de son plaisir », détaille Caroline de Haas. Mais quand le site se lance dans la description de « l’organe suprême du plaisir féminin« , on tique. En guise d’explication, des schémas (NSFW) très scientifiques qui rappellent les cours de SVT. On éprouve des difficultés à lire la page jusqu’au bout. Ainsi :
« Le corps du clitoris se coude ensuite pour partir vers le bas et se diviser en deux racines qui mesurent environ 5 cm de long pour 7 mm de diamètre et viennent longer l’os iliaque. Ces piliers du clitoris forment une sorte de V inversé. »
Si vous n’avez pas tout saisi, vous pouvez jeter un œil à l’affiche de la campagne (voir illustration ci-dessus). Cette dernière résume également à elle seule la polémique suscitée par l’opération. Réalisée par le journaliste et sexologue Damien Mascret, elle représente un clitoris géant, sorte de réinterprétation de l’Origine du monde au Crayola, et se veut la représentation artistique et surtout « entière » de « l’organe aux 10 000 terminaisons nerveuses« . Elle suscite surtout pas mal de réactions de dégoût et a déjà été sujette à de multiples railleries et détournements sur Internet, y-compris venant de femmes.
« Choquer, pourquoi pas, défend Gaëlle-Marie Zimmermann, journaliste et blogueuse sur ZoneZéroGêne. Mais quel est le message ? Elles auraient mieux fait d’afficher en grand les idées reçues sur le clito plutôt que d’en dessiner un géant et plutôt raté. »
Pour cette féministe militante, la campagne cache surtout une opération électoraliste. « C’est de l’opportunisme politicien, dénonce-t-elle. C’est du féminisme à paillettes. Le PS a besoin d’une carte féministe que OLF lui offre sur un plateau. »
Des soupçons que Caroline de Haas, également porte-parole de Benoît Hamon, ne dément qu’à moitié. Pour le moment, la campagne ne prévoit pas d’autres actions coups de poing, mais elle prévient, Osez le féminisme veut faire de l’éducation à la sexualité « un enjeu prioritaire pour les élections de 2012« .
Après l’écologie, le nucléaire ou les retraites, le clitoris, enjeu électoral pour 2012 ?
Cerise Sudry-Le Dû
Le site de la campagne, www.osezleclito.fr
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