Les malheurs de la Grèce, après ceux de l’Islande, de l’Irlande et du Portugal, semblent loin de nos préoccupations franco-françaises. Il est vrai qu’entre l’affaire DSK et la présidentielle 2012, nous sommes mobilisés par deux feuilletons tellement plus importants. Le pays qui a inventé la démocratie, la philosophie et la tragédie est donc à une […]
Les malheurs de la Grèce, après ceux de l’Islande, de l’Irlande et du Portugal, semblent loin de nos préoccupations franco-françaises. Il est vrai qu’entre l’affaire DSK et la présidentielle 2012, nous sommes mobilisés par deux feuilletons tellement plus importants.
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Le pays qui a inventé la démocratie, la philosophie et la tragédie est donc à une feuille de vigne de la banqueroute. Les dirigeants européens s’activent en ce moment pour éviter cette faillite – ou au moins qu’elle ne soit officiellement prononcée, car certains mots peuvent entraîner des conséquences redoutables du côté du marché et des agences de notation.
Alors, effacer la dette grecque ? Ou la rééchelonner en continuant de prêter des milliards aux Grecs ? Pédalant dans le yaourt grec, nos dirigeants ont choisi la seconde option, pas idéale (rocher de Sisyphe, ou tonneau des Danaïdes, au choix), mais moins pire que l’autre (risque de tsunami à la Lehman Brothers puissance XXL, et ce n’est plus de la mythologie).
En supposant que l’on jugule provisoirement le problème grec, des questions de fond resteront posées. L’Europe va-t-elle pouvoir continuer longtemps à fonctionner avec une monnaie unique mais des économies et fiscalités disparates ? Non, et c’est pourquoi il faut avancer vers plus d’intégration européenne. L’ère des petits Etats-nations agonise.
Pourquoi la zone euro semble-t-elle seule à payer une crise partie des Etats-Unis alors que le pays d’Obama affiche des dettes et déficits plus profonds que le Grand Canyon ? Les Etats-Unis ont déjà payé depuis 2008, du moins les millions de citoyens qui ont perdu job et maison. Et les agences de notation ont récemment menacé de baisser la note américaine. Plus puissants que la Grèce, les Etats-Unis ne sont pas pour autant à l’abri. Mais ce qu’on attend d’Obama et de tous nos dirigeants politiques, c’est qu’ils mettent au pas la planète finance comme ils l’ont promis, au lieu de sembler gouverner avec le flingue du marché sur la tempe. Pourquoi la banque Goldman Sachs, l’un des principaux responsables (et profiteurs !) de la crise en général, et de la crise grecque en particulier, n’est-elle nullement inquiétée ? Parce que le réseau GS s’étend aux plus hautes sphères politiques, administration Obama incluse ?
Titanic économico-bancaire et soulèvements des peuples révoltés par le joug de l’oligarchie financière risquent de renvoyer un jour la sexualité de DSK et notre tiercé politique quinquennal en rubrique chiens écrasés.
Serge Kaganski
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