La Trêve de Primo Levi est ce récit à la fois douloureux et picaresque dans lequel l’écrivain relatait sa libération d’Auschwitz et son lent retour à la vie normale consistant en deux années de périgrinations à travers les camps de réfugiés en Europe de l’Est sous les ordres confus de l’armée Rouge. Le film qu’en […]
La Trêve de Primo Levi est ce récit à la fois douloureux et picaresque dans lequel l’écrivain relatait sa libération d’Auschwitz et son lent retour à la vie normale consistant en deux années de périgrinations à travers les camps de réfugiés en Europe de l’Est sous les ordres confus de l’armée Rouge. Le film qu’en a tiré Rosi est décourageant sur toute la ligne. D’abord parce que si le cinéaste reste fidèle à la lettre du livre, il en trahit complètement l’esprit et la forme : sa mise en scène a recours à tous les effets les plus lourds du cinéma (reconstitution historique, travellings sur-signifiants, redondance image/dialogue, musique chargée…) là où le style de Levi était d’une sobriété exemplaire, une écriture murmurante pour faire jaillir l’indicible. Conséquence, le film apparaît d’un académisme totalement râpé et ses premières séquences dans un Auschwitz artificiel sont d’autant plus impardonnables qu’elles viennent après des films comme le Shoah de Lanzmann qui ont redéfini le rapport délicat entre ce sujet et le cinéma (actuellement, on peut aussi voir Drancy avenir en antidote). Bien sûr, on ne doute pas une seconde de la sincérité pédagogique de Rosi, mais on est ici très loin du rigoureux cinéaste politique, auteur de Salvatore Juliano ou L’Affaire Mattei.
Serge Kaganski
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