Pour surmonter l’affaire DSK et s’opposer à Nicolas Sarkozy, plusieurs candidats déclarés ou pressentis à la primaire se placent d’ores et déjà sur le terrain de la morale publique et de l’éthique personnelle.
« Le bling-bling DSK et le bling-bling Sarko sont dans un bateau, commence un strauss-kahnien sur le ton de la boutade. Le bling-bling DSK tombe à l’eau. Qu’est-ce qui reste ? Sarko…” Quant au jeu des attaques, il ajoute : “la droite fait une erreur en disant que la gauche est moralement disqualifiée par l’affaire DSK et ses à-côtés” comme la fortune d’Anne Sinclair utilisée pour financer la défense de son époux.
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“On peut être à gauche même si on a une femme fortunée, répond David Assouline, secrétaire national en charge de la communication au PS. Avoir une femme riche, ce n’est pas un acte d’accusation supplémentaire qui, indépendamment des faits, viendrait accabler quelqu’un.” Et pour le reste ? L’affaire Georges Tron a mis les compteurs à zéro dans la tête des Français, renvoyé la balle dans le camp de la droite avec le risque, si la majorité exploite l’affaire DSK, de faire gagner avant tout Marine Le Pen.
Le vivre ensemble érigé en vertu cardinale
Dépossédés de leur champion, les socialistes comptent bien faire campagne sur le terrain des valeurs. “Cette thématique va être très importante pendant la présidentielle”, souligne-t-on chez les socialistes : éthique personnelle et morale publique, le vivre ensemble érigé en vertu cardinale. En meeting à Metz, le 6 juin, devant huit cents personnes, Martine Aubry enflamme la salle quand elle entonne le couplet de la République irréprochable : “Quand on est un ministre, on n’est pas là pour se servir, mais on est là pour servir.”
Deux jours plus tard dans L’Express, Ségolène Royal rebondit :
“Il faut que certains hommes de pouvoir, qui se servent au lieu de servir, se disent enfin que l’impunité, c’est terminé.” Et d’ajouter : “Quand on a une responsabilité publique, on se doit d’être exigeant envers soi-même. Je veux réhabiliter les comportements décents, respectueux, courtois.”
Elle évacue, de manière sibylline, selon certains, l’affaire DSK : “Il vaut mieux être exemplaire dans sa vie privée et faire en sorte qu’elle soit cohérente dans sa vie publique.” En somme, la tragédie new-yorkaise est une affaire personnelle qui concerne un homme mais qui n’atteint pas un parti.
« La France rassemblée », « l’ordre juste »…
La première secrétaire Martine Aubry reste concentrée sur son unique objectif : réunifier une France qu’elle juge divisée. “Ce projet doit réconcilier tout le monde. Les Français attendent d’être portés haut, pas d’être divisés ni même réunis sur des peurs”, clame-t-elle en meeting aux Lilas aux côtés de Claude Bartolone. Selon un des proches de la première secrétaire, “elle fera campagne autour de la France rassemblée. Ce sera son axe central. Non plus opposer les Français les uns aux autres, les pauvres entre eux, les pauvres contre les riches, mais bien plutôt les réunir.”
Au moins, Martine Aubry et Manuel Valls, tant divisés sur d’autres thématiques, comme les 35 heures, parviendront-ils à s’entendre sur ce point. Le tout nouveau candidat à la primaire expliquant dans Libération vouloir “être un mécanicien du vivre ensemble”… une notion bien proche du “care” chère à la première secrétaire du Parti socialiste.
Dans ce contexte, Ségolène Royal ne pouvait oublier “l’ordre juste” qu’elle avait popularisé lors de la campagne présidentielle de 2007. Ce 8 juin, à Paris, devant plusieurs centaines de personnes, elle explique y croire encore et vouloir le construire avec les Français. Applaudissements nourris de la salle. Et même quand François Hollande défend une présidence “normale”, il interprète à sa façon, même si c’est aujourd’hui critiqué au sein du PS, la thématique d’un retour à un fonctionnement équilibré des institutions et aux valeurs de la République.
Marion Mourgue
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