Le dernier-né du cinéaste originaire du Tibet explore les tiraillements spirituels entre tradition et modernité. Sorti en France initialement en juillet 2020, le long-métrage est désormais en salle.
Tibet, au début des années 1980. Alors que le gouvernement chinois vient d’imposer sa politique drastique de l’enfant unique, un couple déjà parent de 3 enfants s’initie en cachette à la contraception par préservatif, pratique proscrite par les valeurs traditionnelles du village. Le jour où les petits sont surpris en train de jouer avec les ballons de latex, c’est toute l’apparente stabilité de ce petit monde qui est perturbée.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Des bizarreries stylistiques, mais pas que
De par ses paysages et sa langue si rares au cinéma, c’est toujours un grand voyage que nous offrent depuis près de 20 ans les films de Pema Tseden. Si son art, percé de bizarreries stylistiques en tout genre (mobilité extrême des cadres, flous, parenthèses oniriques) n’évite pas toujours la surcharge maniériste, il semble trouver un point d’équilibre dans Balloon, entre expérimentations formelles et regard posé à hauteur d’hommes.
>> A lire aussi : Cinéma : 5 points sur lesquels la crise sanitaire a eu du bon
Là où le dernier long-métrage de l’auteur, Jinpa, un conte tibétain (2018), sonnait comme un exercice de style particulièrement démuni de chair, Balloon étreint au contraire avec chaleur ses personnages. Un regard poétique posé sur l’intimité de ce microcosme, pris entre foi et désir de modernité, qui se cristallise dans une très jolie dernière scène.
Si les précédents films de Tseden semblaient regarder vers l’œuvre de Kiarostami dans leur manière d’accoucher d’une forme libre et légère face à un pouvoir autoritaire (le cinéaste a été arrêté et détenu par la police chinoise en 2016 pour des raisons extrêmement troubles), la dernière note de Balloon fixe plutôt Hou Hsiao Hsien et son conte parisien Le Voyage du ballon rouge, dans lequel un petit point rouge en suspension traduit l’ultime regard que l’on pose sur les mort·e·s, bientôt dilué·e·s dans l’épaisseur du vide.
Balloon de Pema Tseden. Avec Sonam Wangmo, Jinpa, Yangshik Tso (Chi., 2019, 1h42). En salle.
>> A lire aussi : “Slalom” : une puissante analyse des mécaniques d’abus dans le sport
{"type":"Banniere-Basse"}