Avec ce film bricolé, Jean-Michel Roux retrouve parfois le charme poétique de la série B italienne des années 60. Une certaine tendance du cinéma français hier Beineix, aujourd’hui Jan Kounen refuse à la fois le naturalisme patrimonial et l’héritage moderne de la Nouvelle Vague, mais n’a pour l’instant engendré que des machines visuelles […]
Avec ce film bricolé, Jean-Michel Roux retrouve parfois le charme poétique de la série B italienne des années 60.
Une certaine tendance du cinéma français hier Beineix, aujourd’hui Jan Kounen refuse à la fois le naturalisme patrimonial et l’héritage moderne de la Nouvelle Vague, mais n’a pour l’instant engendré que des machines visuelles sans âme où le désir de cinéma est annihilé par une triste impuissance à filmer le monde tel qu’il est en le dissimulant sous les oripeaux de la télévision ou des jeux vidéo. Au sein de cette nouvelle tendance, le premier film de Jean-Michel Roux est une agréable surprise. Il propose en effet une alternative sympathique au cinéma enflé et mégalomane de Luc Besson ou de Caro & Jeunet bien qu’on puisse lui faire les mêmes griefs : scénario confus réduit à un collage d’idées incohérent dont la plus belle, qui consiste à utiliser la rémanence rétinienne d’un cadavre afin d’élucider l’énigme au centre du récit, est empruntée à Quatre mouches de velours gris de Dario Argento , rythme lymphatique, personnages inconsistants. Il faut pourtant percevoir dans ces carences non pas le constat de l’échec du cinéaste mais la réussite, mineure, de son projet : ressusciter, le temps d’un film, l’esprit et les images de ces petites productions de science-fiction qui fleurissaient en Europe dans les années 60 surtout en Italie. Un cinéma la plupart du temps indigent et débile, mais qui parvenait parfois à donner naissance à des instants de poésie involontaire et, dans le meilleur des cas, servait de laboratoire aux délires formels de Mario Bava (Terrore nello spazio, 1965). Certes, Jean-Michel Roux ne revendique pas le génie de Bava, mais sa fable de SF, à mi-chemin entre les romans psychédéliques de Philip K. Dick et les péripéties des serials (avec extraterrestres, savants fous et gaz mortels), possède le charme désuet des films d’Antonio Margheriti, le petit Roger Corman transalpin. On l’aura compris, c’est grâce à ses décors étriqués mais imaginatifs (telle cette chambre des plaisirs baignée de lumière rouge) et à ses trucages naïfs (lorsque Tchéky Karyo et Julie Delpy, réduits à l’état de figurines, font l’amour en apesanteur au centre d’une cavité vaginale luminescente), que Les 1000 merveilles de l’univers conquiert notre indulgence. Peut-être les choses se gâteront-elles lorsque Roux aura à sa disposition les millions de dollars de Besson qui lui, dans son cynisme mercantile, a compris qu’il valait mieux plagier Brazil et Blade Runner que les oeuvrettes plus marginales (et parfois plus inventives) des cinémas de quartier.
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