La convention annuelle des cultures geek, le Comic-Con, se tiendra cette année en l’absence de certains studios hollywoodiens majeurs. L’évènement, qui faisait autrefois la loi sur les marchés, n’aurait plus aujourd’hui la même influence au box-office.
Il y a encore quelques mois, un simple bon mot sur Ain’t It Cool.com ou une mauvaise notation sur Rotten Tomatoes suffisaient à paniquer le plus puissant des moguls hollywoodiens. Les variations du box-office appartenaient aux caprices de quelques internautes avisés, adeptes de cinéma, de jeux-vidéo, de comics –réunis sous le terme générique de geeks. Leur pouvoir d’influence se vérifiait chaque été à la convention annuelle du Comic-Con, où les studios rivalisaient de performances pour satisfaire les exigences de leur nouveau cœur de cible.
Mais après une édition 2010 en berne, marquée par les échecs de Tron l’héritage ou de Scott Pilgrim Vs The world, certains studios relativisent les bénéfices du Comic-Con et annoncent même qu’ils ne participeront pas à la convention. Selon le New York Times, qui répertorie la longue liste des démissionnaires, ces majors ne croient plus en l’ « effet Comic-Con » sur le box-office. Les premiers signes d’un divorce annoncé entre geeks et studios ?
http://youtu.be/6Rsj8y3MFHE
La fin de l’ « effet Comic-Con »
En 2010, la Warner investissait an grande pompe les allées du Comic-Con pour la promotion des Sherlock Holmes et Sucker Punch, alors que Disney dévoilait les premières images du très attendu Tron, l’héritage. Un an plus tard, les deux studios ont annoncé qu’ils ne participeront pas à la convention 2011, rejoints par Dreamworks et la pourtant fidèle Weinstein Company.
Mais le coup de grâce est venu de la Marvel, maison mère de la culture geek célébrée au Comic-Con, qui hésiterait encore à se représenter au salon malgré un line-up impressionnant (The Avengers et Ant-Man dans les cartons).
« Le Comic-Con est une opportunité capitale, mais vous ne devez pas y aller simplement parce que c’est inscrit dans votre calendrier, explique au New York Times le co-président du marketing de la Universal, Michael Moses. Vous devez être absolument sûr d’avoir un bon matériau à présenter, qui peut faire la différence pour votre film. »
Si le Comic-Con a toujours le pouvoir de détruire la carrière d’un film (l’effet Ghost Rider, qui a échoué au box-office U.S après avoir été hué à la convention), il n’est plus, à l’inverse, une garantie de succès. L’enthousiasme provoqué chez les fans l’année dernière par la projection des premières images de Sucker Punch ou Tron, l’héritage n’a pas suffi à attirer le public en salles.
Le phénomène s’est même répété avec la sortie du film Scott Pilgrim Vs The world qui, malgré l’énorme buzz suscité au Comic-Con et une rumeur très favorable, n’a pas dépassé les 32 millions de dollars de recettes sur le sol américain –une avanie. Des scores qui auront donc dissuadé certains studios de se présenter à la convention cette année.
Un effet Comic-Con pour la télévision
Mais la rupture n’est pas totalement consommée entre Hollywood et le Comic-Con, et certaines majors parient encore sur le potentiel marketing de la convention. La Paramount devrait ainsi dévoiler quelques nouvelles images de son Tintin par la paire Spielberg-Peter Jackson ; la Fox assurera la promo de Rise of the Planet of the Apes ; Sony présentera The Amazing Spiderman; et Universal montrera l’étonnante tentative de western SF, Cowboys & Aliens.
Le départ de quelques historiques devrait même laisser la place aux plus petits studios : Relativity Media (Shark Night 3-D), Lionsgate ou Summit Entertainment gagneront ainsi une plus grande visibilité. Comme les networks et les séries télévisées (la machine Terra Nova en tête), annoncés grands bénéficiaires de cette édition du Comic-Con 2011. La Warner, qui présentera 16 nouvelles séries, espère bien emporter l’adhésion des fanboys présents à la convention, qualifiés d’ « évangélistes » par la directrice du marketing du studio, Lisa Gregorien. Pas encore totalement dépassés, les geeks.
Romain Blondeau