Un film au scénario tout bête, mais à l’efficacité redoutable, qui parvient même à faire passer Michael Keaton pour un voire plusieurs acteur consistant.
La formule est commercialement imparable : la rencontre d’un trucage et d’une idée unique. Le trucage, c’est la prise de vues multicouches. L’idée, c’est le Graal hollywoodien du « scénario-qui-tient-en-une-phrase » : en l’occurrence, « un homme se reproduit par clonage pour faire face aux multiples exigences de sa vie ». Postulat fictionnel aussi mince que rigoureux, et naturellement indissociable de la gageure technique. Le film d’Harold Ramis, au titre français qui fleure bon son Philippe Clair, peut apparaître comme le produit calibré qu’il est aussi : une gentille comédie pour toute la famille, avec son quota d’effets spéciaux plus ou moins inédits, de gags plus ou moins conventionnels et d’idéologie plus ou moins dégoulinante. De fait, le cahier des charges est impeccablement rempli. Pourtant, la bonne surprise, c’est combien le film est finalement peu ostentatoire dans son maniement des trucages. Sa force, c’est de ne considérer les effets spéciaux que sous un jour fonctionnel, comme simple moyen d’illustrer les conséquences logiques de la situation de départ. Il y a là une humilité à l’opposé d’un Forrest Gump, où la coexistence de la fiction (Gump) et du réel (JFK) ne débouchait sur rien. Sinon sur la juxtaposition complaisante d’éléments hétérogènes qui finalement continuaient de s’ignorer pour n’offrir qu’une manipulation sans enjeu narratif. Dans Mes Doubles…, passé l’ébahissement devant la démultiplication du héros, le spectateur recommence très vite à se demander ce que lui réserve la suite de l’intrigue.
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