Tod Browning est sans doute l’un des réalisateurs les plus brillants du Hollywood de la fin du muet et des débuts du parlant, mais aucune biographie n’avait été écrite sur le metteur en scène de Freaks et de Dracula. Metteur en scène énigmatique, sa vie semblait aussi difficile à pister que les créatures de Freaks. […]
Tod Browning est sans doute l’un des réalisateurs les plus brillants du Hollywood de la fin du muet et des débuts du parlant, mais aucune biographie n’avait été écrite sur le metteur en scène de Freaks et de Dracula. Metteur en scène énigmatique, sa vie semblait aussi difficile à pister que les créatures de Freaks. Le bilan dressé par Skal et Savada est sans équivoque.
Browning était un metteur en scène génial et sadique, alcoolique et psychopathe, racontant à qui voulait l’entendre que le seul coup de foudre qu’il ait jamais éprouvé était pour une fille gravement défigurée. Sur le plateau de Freaks, Browning avait dû se plier aux ordres de la MGM exigeant que les créatures du film soient parquées dans un lot à part, de manière que personne ne risque de les croiser. Après s’être retrouvé en face des sœurs siamoises à la cantine du studio, Francis Scott Fitzgerald avait été pris de violents vomissements. Quant aux autres « freaks » l’homme-tronc, la femme à barbe, le squelette humain, les sœurs à la tête en forme d’aiguille… , ils se livraient à une concurrence effrénée et s’étaient tous mis à porter des lunettes de soleil. Les rapports entre Browning et ses créatures étaients des plus étranges. Il ne cessait d’appeler l’une d’elles l’homme-tronc, sans bras ni jambes, qui dans une des scènes les plus mémorables du film se roule une cigarette en s’aidant de sa seule bouche « Monsieur Bite ». Dans une interview donnée au Los Angeles Times durant le tournage du film, Browning déclarait « Vous ne pouvez pas prévoir les réactions d’un freak. La plupart sont idiots, anormaux et irresponsables. Ils se mettent à s’énerver parfois et tentent de se calmer en mordant la personne à côté d’eux. Je me suis fait mordre un jour. » Browning filmait presque exclusivement la nuit et engageait le plus souvent possible de longues conversations avec ses créatures. Des discussions dans le vide, car la plupart étaient incapables d’articuler le moindre mot. Freaks se révèle un four terrible lors de sa sortie. Quant à Browning, il continue de fréquenter l’homme-tronc, devenu l’un de ses meilleurs amis, projetant même de tourner avec lui un film sur les manipulations génétiques dont il aurait été la vedette.
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