En ne traitant ni son sujet ni son histoire, Wenders se fourvoie une fois de plus dans une fable moralisatrice.Lorsqu’on a grandi en cinéphilie dans l’attente du “nouveau Wenders”, il est difficile de ne pas sortir de ce film perplexe, embarrassé et un peu déprimé. Ce qui s’annonçait comme une parenthèse modeste, au moins financièrement, […]
En ne traitant ni son sujet ni son histoire, Wenders se fourvoie une fois
de plus dans une fable moralisatrice.
Lorsqu’on a grandi en cinéphilie dans l’attente du « nouveau Wenders », il est difficile de ne pas sortir de ce film perplexe, embarrassé et un peu déprimé. Ce qui s’annonçait comme une parenthèse modeste, au moins financièrement, l’un de ces projets de remplacement qui jalonnent la carrière du cinéaste (L’Etat des choses) et se révèlent parfois plus satisfaisants que les « séries A » (Hammett) semble avoir enflé hors de toute proportion, sans doute en partie sous l’influence pernicieuse du scénariste Nicholas Klein, mauvais génie de Bono. De fait, The End of Violence brasse les grands problèmes d’une manière aussi confuse et prétentieuse que le U2 des mauvais jours, et renoue hélas avec la veine de Jusqu’au bout du monde et de Si loin, si proche : la fable visionnaire et moralisatrice. Pour traiter la violence des images et celle du réel, le film entrecroise deux trajectoires : celle d’un producteur cynique de films d’action sanglants à la Joel Silver (Bill Pullman), qui se remet en question après un enlèvement et une tentative de meurtre, et celle d’un ingénieur idéaliste (Gabriel Byrne) impliqué dans un projet sécuritaire ultra-secret de surveillance vidéo généralisée. Le tout bien sûr à Los Angeles, capitale mondiale des images, ce que traduit paresseusement une débauche de moniteurs vidéo, d’écrans informatiques et autres cybergadgets. Mais le scénario conspirationniste demeure à l’état d’ébauche filmée sans conviction, avec méchants convenus et paranoïa désincarnée. Le film succombe à la déconnexion qu’il reproche à ses personnages, incapable de montrer de façon convaincante l’irruption du réel.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}