Sommés de faire des choix difficiles, les intermittent·es, étudiant·es et précaires refusent de mettre fin à leur mouvement, réclamant toujours l’abrogation de la réforme de l’assurance-chômage. En l’absence de décision politique concertée, le festival d’Avignon risque d’être fortement perturbé.
A l’approche de la réouverture des salles de spectacle prévue le 19 mai, la situation est tendue dans de nombreux théâtres occupés. Les intermittent·es, étudiant·es, précaires, intérimaires qui ont pris leurs quartiers dans plus d’une centaine de lieux en France sont confrontés à une question difficile : faut-il poursuivre les occupations et bloquer les premières représentations ? “La suite du mouvement va être différente en fonction des salles et de la réalité des contraintes, estime Samuel Churin, membre de la Coordination des Intermittents et Précaires. Nos revendications n’ont pas été entendues puisque nous réclamons toujours l’abrogation de la réforme chômage. Il n’y a pas lieu de céder. Au théâtre de l’Odéon, il y aura sûrement une négociation pour que l’occupation continue avec la reprise des spectacles ; les occupants n’ont pas investi la salle de représentation. Celles-ci pourront avoir lieu.”
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Une première évacuation à Rennes
A Rennes, la situation s’est précipitée pendant le week-end. Vendredi 7 mai, la police a évacué les occupant·es du TNB, suite à une décision du maire et du préfet, en accord avec le ministère de la Culture. Une AG importante prévue le samedi 8 mai serait allée, selon le directeur Arthur Nauzyciel, à l’encontre des conditions sanitaires, susceptibles de mettre en danger les salarié·es et les équipes du théâtre. Face à trente policier·es, les occupant·es ont quitté les lieux dans le calme et devraient prochainement mener leur combat ailleurs et autrement.
Des actes de désobéissance civile à Marseille
A Marseille, les occupants de la Criée ont ouvert les portes du théâtre, suite à la manifestation du 1er mai, désobéissant ainsi à toutes les interdictions en vigueur. “Lundi 3 mai, à l’issue d’une longue réunion, nous avons décidé de la poursuite de l’occupation au-delà de la réouverture du 19, raconte Basile, un étudiant occupant. Les représentations seront annulées. Une fois encore, nous poursuivrons le mouvement jusqu’à ce que la réforme soit abrogée. Nous sommes soutenus par la municipalité et la direction du théâtre. Nous perturberons tous les festivals subventionnés s’il le faut.”
Des directeurs énervés, un festival d’Avignon compliqué
A l’approche de la réouverture, les directeur·rices sont tiraillé·es entre leur mission de service public et les revendications des intermittent·es qu’ils et elles trouvent légitimes. “Le gouvernement se défausse sur nous, s’énerve l’un d’entre eux. Ils veulent que nous endossions la responsabilité des évacuations et restent volontairement flous face aux demandes des occupants. C’est aussi lâche qu’insupportable. Nous nous retrouvons en porte-à -faux avec tout le monde. Il est illusoire de penser que la situation sera réglée le 19 mai. Les conflits exploseront certainement durant le festival d’Avignon ; la faute à une gestion politique calamiteuse.” A suivre.
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