Un film sans prétention, nourri par les leçons du maître Cassavetes.A la fin de Fargo, Steve Buscemi faisait peine à voir. Happy Hour nous le rend bien vivant quoique un peu confit dans l’alcool. L’agitation permanente du tueur à gages s’est transformée en une douce somnolence. Premier film de l’acteur, Happy Hour assume sa condition […]
Un film sans prétention, nourri par les leçons du maître Cassavetes.
A la fin de Fargo, Steve Buscemi faisait peine à voir. Happy Hour nous le rend bien vivant quoique un peu confit dans l’alcool. L’agitation permanente du tueur à gages s’est transformée en une douce somnolence. Premier film de l’acteur, Happy Hour assume sa condition de « petit film ». Exemple parfait de cinéma US indépendant, il explore le territoire délaissé par la machinerie hollywoodienne, l’Amérique des banlieues ni riches ni pauvres, celle qui va en famille se finir au bar du coin. Le film de Buscemi sera donc antispectaculaire, bercé par le doux bruit de la bière pression. Le seul ennemi, c’est l’ennui de soi-même. L’immobilisme que confère l’alcool sert à s’oublier, à se retrancher du monde. Tommy Basilio/Buscemi ne reçoit plus que les effluves de l’agitation extérieure. La description du Trees Lounge est une des grandes réussites du film. Un bar lambda où s’échouent habitués devenus les fantômes de leur existence, vilains pathétiques et orphelines imbibées de gin. Entre la pièce off-Broadway et une sitcom genre Cheers, Happy Hour creuse son sillon, aride mais non dénué d’une grandeur dérisoire. Dans sa déclaration d’intention, Buscemi raconte qu’il a revu tous les films de Cassavetes. On ne peut être qu’admiratif devant l’usage mesuré et modeste que fait le néophyte des leçons du maître. Centré sur des personnages sans qualités, Happy Hour ne les filme jamais au-dessus de ses moyens. Sans envolées lyriques, il les saisit avec respect et tendresse.
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