[Avant son concert à l’Olympia le 11 juin, nous republions cette rencontre avec Chilly Gonzales de 2011]
Lorsqu’on lui demande où on peut se retrouver pour le rencontrer, Chilly Gonzales dit : “J’ai du Nespresso chez moi, passe demain matin.” Alors forcément, on lui répond : “What else ?” Le rencart est fixé à 9h30 dans sa maison de Pigalle, et comme aux Inrocks on est des gens bien élevés, c’est avec […]
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Lorsqu’on lui demande où on peut se retrouver pour le rencontrer, Chilly Gonzales dit : “J’ai du Nespresso chez moi, passe demain matin.” Alors forcément, on lui répond : “What else ?” Le rencart est fixé à 9h30 dans sa maison de Pigalle, et comme aux Inrocks on est des gens bien élevés, c’est avec des croissants et des pains au chocolat qu’on débarque.
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Gonzales est en compagnie de son pote Adam Traynor, réalisateur du film Ivory Tower. Ils sont sur le départ pour Châteauroux, où un concert de l’artiste aura lieu le soir même. Gonzo attrape les viennoiseries et dégaine un café. Au mur, le certificat de son record Guinness du concert le plus long du monde (27 heures 3 minutes et 44 secondes), établi lors d’un show mythique au Ciné 13, à Paris, en 2009. Sur les étagères, des disques et des DVD de séries ; au centre du salon, un pupitre en carton un peu comme celui de Barack Obama à la Maison Blanche, que l’on peut apercevoir dans le trailer de son nouvel album, intitulé The Unspeakable Chilly Gonzales – dans lequel il renoue avec le hip-hop.
Pour évoquer ce nouvel album, Gonzales choisit de s’installer dans le jardinet qui entoure sa maison. Le café est chaud, l’interview peut commencer. Il explique que son projet est né lors de concerts qu’il a donnés à Paris et à Londres en novembre dernier, au cours desquels il rappait derrière son piano.
“J’ai ajouté deux chansons bonus sur lesquelles je rappais à mon dernier album, et j’ai eu envie de continuer, explique-t-il. Je suis fasciné par ce courant musical, pour moi les gens du hip-hop sont ceux qui ont le mieux compris le business de la musique. Ce sont les artistes les plus importants du moment.”
Impossible en effet de passer quelques instants avec Gonzales sans parler des dernières nouvelles du rap mondial. Ainsi passe-t-on en revue le dernier disque de Tyler, The Creator ou la dernière mixtape de French Montana (l’une des révélations à prévoir de l’année 2011) avant d’évoquer une expérience que Gonzo a vécue quelques jours plus tôt avec Kanye West. Il se cale confortablement dans sa chaise et raconte l’histoire avec des yeux d’adolescent passionné.
“Je passais la soirée avec Peaches, nous avons croisé Kanye et nous avons fini la soirée en sa compagnie. Il nous a passé des nouveaux morceaux en chantant par-dessus, explique Gonzales. Je crois qu’il me serait beaucoup plus facile de travailler avec Keith Richards qu’avec n’importe quel rappeur, ça m’impressionnerait moins”, plaisante-t-il.
Son dernier disque, Gonzales l’a élaboré avec son frère, Christopher Beck (compositeur de bandes originales, dont celle de Very Bad Trip 2) : “Il a retravaillé tous les morceaux, ce qui m’a permis de me concentrer sur les textes.” Cet album, dont Gonzales prévoit qu’il va surprendre ses fans, est certainement l’un de ses plus personnels.
Au travers des textes, le Canadien se met en scène en observateur de l’industrie du disque et en livre une satire drôle et percutante – parfois calquée sur les élucubrations poilantes des stand-uppers anglais comme Chris Morris, dont il est un grand admirateur. On découvre aussi dans The Unspeakable Chilly Gonzales un artiste attachant, qui mène une profonde réflexion sur son oeuvre sans jamais éviter aucun questionnement. Comme celui-ci, lorsqu’un marteau-piqueur retentit depuis la rue et semble venir interrompre l’entretien : “Qu’est-ce qu’on fait, on continue ou quoi ?”
Pierre Siankowski
The Unspeakable Chilly Gonzales sortie le 6 juin. En concert le 6 juin à Paris (Cigale, complet).
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