Les partisans de DSK, orphelins, oscillent entre blues et colère. Et ne sont pas pressés de s’engager dans la primaire socialiste.
La séquence avait été calée depuis longtemps. Dominique Strauss-Kahn devait être le co-prince du G8 de Deauville, aux côtés de Nicolas Sarkozy, jeudi et vendredi. Et samedi, la convention nationale du Parti socialiste sur l’adoption du projet pour 2012 devait conduire ses partisans à acclamer son retour sur le sol français. Mais il y a eu le « coup de tonnerre » de New York, le 15 mai, et les scénarios patiemment élaborés chez les politiques et les communicants se sont effondrés comme un château de cartes.
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Samedi, dans la Halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement à Paris, où Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal, désormais les trois favoris de la primaire, faisaient assaut de sourires et d’amabilités, les amis de DSK – Pierre Moscovici, Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis ou encore Christophe Borgel – avaient l’air un peu absent.
« Bien sûr que la politique va reprendre ses droits, mais on n’est pas pressés non plus de rejoindre tel ou tel candidat. La primaire n’a plus vraiment la saveur qu’on attendait », confie un strauss-kahnien, se disant « peu impressionné par la qualité de l’offre restante, que ce soit Aubry ou Hollande ».
« Hollande, c’est un passé qui ne passe pas, un passif à la tête du PS, et Aubry a désormais beaucoup de retard sur lui. » « Il y a quelque chose sans doute qui va conduire chacun d’entre nous à s’engager à un moment ou à un autre, c’est la colère qui monte peu à peu contre Dominique. On lui a donné plus de dix ans de notre vie et il a tout ruiné en un week-end », reconnaît un autre partisan de l’ancien patron du FMI.
« Il faut aussi dire que les strauss-kahniens, cela ne veut plus rien dire. Il y avait des satellites autour de la planète mère, les politiques, la com, les intellos, mais là tout est parti en vrille, ça va être du chacun pour soi. »
A la tribune de la convention, samedi, Jean-Christophe Cambadélis a laissé entendre que son choix était imminent. « Même si nous avons des bleus à l’âme, nous n’avons pas d’états d’âme pour combattre la politique de Nicolas Sarkozy. Et nous voulons gagner l’élection présidentielle », a lancé le député de Paris, qui devrait rallier Martine Aubry quand la première secrétaire, déliée désormais de son « pacte » avec Dominique Strauss-Kahn, aura déclaré sa candidature. Entraînant avec lui Christophe Borgel, Jean-Paul Huchon ou encore Jean-Jacques Urvoas.
D’autres strauss-kahniens penchent vers François Hollande, comme Jérôme Cahuzac, président de la commission des finances de l’Assemblée, ou Gérard Collomb, le maire de Lyon, qui a toutefois appelé samedi « François, Martine et Ségolène à savoir proposer un rassemblement pour présenter un candidat qui ne sorte pas affaibli de la primaire ». Certains, comme Michel Destot, député-maire de Grenoble, ou François Patriat, sénateur de Bourgogne, sont encore réservés. Pierre Moscovici et Manuel Valls réfléchissent toujours à l’opportunité de leur propre candidature.
Officiellement, ni Aubry ni Hollande ne se sont lancés dans une campagne de débauchage. « Je ne demande rien, explique l’ancien patron du PS, favori des sondages. Ce n’est pas au candidat d’aller chercher des soutiens. Mais il faut faire les gestes pour que personne ne soit peiné ou gêné de me rejoindre et puisse se sentir bien dans ce que je représente. »
Hélène Fontanaud
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