Portrait croisé de l’Amérique contemporaine dans une série de courts-métrages produite par la paire Ridley/Tony Scott, et disponible librement sur Internet. Avec en guest un docu sur l’homme qui a inspiré le Dude de The Big Lebowski des frères Coen, réalisé par l’auteur de The Devil and Daniel Johnston.
« L’Amérique au fond des yeux » : c’est l’ambition un peu ronflante de Character Project, une série de courts-métrages lancée par la chaîne USA Network et disponible librement sur Internet. En partenariat avec la société de production des frangins Ridley et Tony Scott (RSA Films), le projet réunit huit cinéastes pour des films (documentaires, fictions et animés) sur des personnages plus ou moins connus, plus ou moins fantasques, qui font « l’identité des Etats-Unis » : « des amours perdues, des amitiés fidèles, des héros anonymes et des personnalités publiques »…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le genre d’initiative gonflée aux dollars de la pub (façon I’m Here, le beau court-métrage de Spike Jonze financé par une marque de Vodka) mais qui se démarque de son horizon promo avec un casting assez intriguant : un réalisateur de la scène indépendante U.S (Bryan Poyser), un documentariste à Oscars (R.J. Cutler), une vidéaste arty (Laurie Faggioni). Et surtout un cinéaste un peu oublié (Jeff Feuerzeig), auteur du génial The Devil And Daniel Johnston, qui fait ici le portrait d’une autre légende déglinguée : Jeff Dowd, l’homme qui a inspiré le Dude de The Big Lebowski aux frères Coen.
Sobrement intitulé The Dude, le court-métrage de Jeff Feuerzeig revient donc sur la carrière de Jeff Dowd, un ancien militant gauchiste de Seattle reconverti dans la production de films indépendants. Des barricades contre la guerre du Vietnam aux premières heures du festival de Sundance (dont il fut l’un des initiateurs aux côtés de Robert Redford), le documentaire retrace le parcours de cette légende américaine immortalisée sous les traits de Jeff Bridges dans la comédie The Big Lebowski des Coen (ils se sont rencontrés sur le tournage de Blood Simple).
Mais c’est peut-être moins le sujet qui intéresse ici que le cinéaste, Jeff Feuerzeig, réalisateur d’un film sur le musicien fou Daniel Johnston (The Devil and Daniel Johnston), considéré par le magazine Mojo comme l’un des 10 meilleurs documentaires sur la musique. Revenu à la pub, Jeff Feuerzeig s’est fait plutôt discret depuis six ans (son projet de documentaire sur le street artist Shepard Fairey a été avorté) avant de tourner The Dude : un portrait un peu poseur où se mêlent des confessions face caméra de Jeff Dowd, des images d’archives, et des séquences animées.
L’Amérique contemporaine, ce sont aussi des pêcheurs gastronomes dans Fish de R.J. Cutler (auteur du documentaire The September Issue), une success story dans le milieu de la boxe dans le charmant Duck de Jakob Daschek, ou une chronique adolescente multi-culturaliste dans le court de la clippeuse, vidéaste et décoratrice Laurie Faggioni (qui s’est illustrée dans La Science des rêves de Gondry).
Les huit courts-métrages du Character Project (de qualités très variables), offrent donc un panorama assez exhaustif du cinéma indépendant américain, où l’on retrouve aussi un représentant du mouvement mumblecore (scénario improvisé, acteur non professionnels…), Bryan Poyser. Remarqué pour son premier long-métrage, Lovers Of Hate, il réalise ici une petite romance minimaliste, The Fickle, où une femme (Katie Aselton, brièvement aperçue dans Cyrus) revoit ses douze amants à son réveil.
{"type":"Banniere-Basse"}