L’actualité sexuelle des politiques français est chargée. Après DSK et Georges Tron, c’est au tour de Patrick Balkany d’être dénoncé par une ancienne collaboratrice pour ses avances « répétées ». Luc Ferry, lui, a sorti les cadavres des placards en évoquant une affaire de pédophilie visant « un ancien ministre ». Face à la multiplication des scandales, certains avancent des explications inédites.
Dominique Strauss-Kahn, Georges Tron, et maintenant Patrick Balkany et un mystérieux « ancien ministre » : depuis quelques semaines, les révélations sur la vie sexuelle des hommes politiques français s’accumulent. Les dirigeants politiques sont-ils tous des pervers ? Alain Lambert, ancien sénateur UMP de l’Orne, tient à relativiser : « La marmite bouillonne. Mais l’arène politique n’est pas plus perverse que le reste de la société. Elle est juste plus exposée. »
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Alain Lambert fait tout de même état d’un climat délétère. Et d’avancer une autre piste d’investigation pour expliquer ces comportements : le café.
« J’avais noté que les boissons – comme le café – que l’on prend pour tenir le coup pouvaient avoir des effets secondaires… excitants. Les gens qui font de la politique et doivent se tenir éveillés 16 heures par jour ont peut-être des comportements excessifs à cause de ça. »
L’ancien élu UMP avoue avoir déjà ressenti ce genre d’effets secondaires.
Après DSK et Tron, Balkany et ses « avances répétées »
Au départ, les scandales sexuels étaient la chasse gardée du Front national, le seul parti qui osait attaquer sur la vie privée des politiques. En octobre 2009, Marine Le Pen avait ressorti l’affaire Mitterrand en brandissant La mauvaise vie, livre dans lequel le ministre de la Culture évoque son goût pour les relations tarifées avec des « garçons ». Un scandale et des dizaines d’articles plus tard, Frédéric Mitterrand n’avait pourtant pas démissionné.
Plus récemment, c’est le FN lui-même qui avait été éclaboussé avec l’affaire Henry Botey, le parrain de la présidente du FN, arrêté pour proxénétisme. Il est accusé d’avoir tenu deux bars à hôtesses à Pigalle.
Mais l’affaire DSK a rebattu les cartes. Les langues se délient et chaque jour charrie son lot de déclarations et de révélations. Georges Tron, accusé d’agression sexuelle par deux anciennes employées, a été contraint de démissionner de son poste de secrétaire d’État chargé de la Fonction publique en cinq jours chrono. Les deux plaignantes relatent des faits très précis, comme le montrent les plaintes, intégralement publiée par Rue89 :
« Il m’a pris les jambes en me faisant basculer sur le côté, pratiquement allongée sur le canapé. Il a collé sa bouche sur mes orteils en soufflant dessus. Brigitte m’a dégrafé ma robe et m’a caressée, Georges Tron me demandant de fermer les yeux. »
Après Dominique Strauss-Kahn sortant nu de la salle de bain, nous avons donc Georges Tron et le triolisme plantaire. Et ce n’est que le début. Mardi matin, Mediapart publie un long entretien avec Marie-Claire Restoux, ancienne collaboratrice de Patrick Balkany. Depuis 2007, la jeune femme était la suppléante du député des Hauts de Seine. En mars 2010, elle démissionne, décision qu’elle justifie sur RMC, par le fait d’être « fatiguée » des « avances répétées de l’élu« . Elle précise ses propos à Mediapart :
« J’ai compris qu’il n’envisageait la relation avec sa suppléante qu’en version allongée. C’était très clair. »
Patrick Balkany n’a jamais évoqué l’affaire publiquement. C’est sa femme, Isabelle Balkany, qui s’en est chargée dans le JDD, en avril 2010. Elle y traite Marie-Claire Restoux de « folle » et de « schizophrène« . Des révélations qui font écho à une polémique qui avait éclaté en 1996 : Patrick Balkany avait été accusé de viol sous menace d’une arme à feu, mais la victime présumée avait finalement retiré sa plainte.
Entre mâles aussi, ça balance
L’affaire DSK fait effet de déclencheur, comme si les femmes n’avaient plus peur de dénoncer les comportements machistes de leurs confrères. Mais entre mâles aussi, ça balance. Alors que François Fillon avait appelé à plus de « morale » et Ségolène Royal publiquement demandé à « passer à autre chose« , l’arène politique se transforme en fosse aux lions.
La vie sexuelle des uns devient l’occasion pour les autres de dézinguer leurs adversaires ou tout simplement de faire parler d’eux s’ils s’estiment injustement oubliés. Comme Luc Ferry, qui a profité de son passage au Grand Journal lundi soir pour donner son avis sur la question. Il y fait état d’un ancien ministre qui se serait fait « poisser dans une partouze avec des petits garçons à Marrakech« . Il tiendrait l’anecdote du Premier ministre de l’époque en personne. Même si Luc Ferry n’a cité aucun nom par crainte d’une « mise en examen« , ça se bouscule dans la sphère médiatique pour trouver la personne dont il parle.
Et les femmes ? Certaines commencent doucement à rigoler. Rachida Dati se frottait les mains au Grand Journal : « Il y en a beaucoup qui doivent être un peu stressés. Beaucoup qui regardent leurs pompes en disant : vivement qu’on passe à autre chose. » Dans Libération, une ministre de l’actuel gouvernement estime que « si tous ceux qui mélangent pouvoir et sexe devaient rendre des comptes, c’est la moitié de nos responsables politiques qui seraient en difficulté ».
Par mesure de précaution et si l’on s’en tient à la théorie d’Alain Lambert, Bernard Accoyer ferait bien de faire supprimer toutes les machines à café des couloirs de l’Assemblée.
Cerise Sudry-Le Dû
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