Comment devient-on un homme politique de premier ordre ? En se taillant une image de sauveur dans l’étoffe de la fiction.
« Il effacera votre passé pour protéger votre avenir. » Lors de sa sortie, ce slogan énigmatique traînait au beau milieu de la bande-annonce de L’Effaceur. Difficile de ne pas le réinterpréter comme l’esquisse d’un programme politique, surtout depuis qu’il a été élu gouverneur de Californie en octobre 2003. Mais de qui parle-t-on ? De Schwarzenegger ou du super-héros qu’il est censé interpréter ici ? C’est cette ambiguïté malsaine que cultive habilement ce film pendant deux heures. Ce panégyrique élaboré comme un plan de campagne électorale martèle une seule et unique chose : quand l’Amérique aura besoin de lui pour rétablir la Justice, il sera là.
La guerre est lancée contre les corrompus américains qui flirtent avec l’axe
du Mal. Un riff de guitare et Schwarzie-John Kruger, super-agent du FBI, apparaît. Il saute d’un avion sans parachute et prend des autoroutes à contre-sens. Il vole pour soustraire (« effacer ») aux griffes du mal les agents en danger de mort. Au milieu de cet imbroglio mouvementé, l’air de rien,
il prépare discrètement sa campagne électorale. Au fil des séquences, toutes les minorités de la sympathique mosaïque US viennent lui prêter main forte : les Noirs des ghettos, les métis, les Latinos, les Italiens, les gays, les Asiatiques… Tous soutiennent cet homme providentiel. De qui parle-t-on au juste ? De Schwarzie ou de John Kruger ? Monsieur Univers-Terminator ne joue pas ici un rôle, il n’est rien d’autre que lui-même : une image fantasmatique de la toute-puissance. Bientôt, l’image s’effacera et cédera
la place à un homme bien réel : Arnold Schwarzenegger, gouverneur d’Etat démocratiquement élu.
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