Mi-mars, l’autrice et réalisatrice Olympe de G. a annoncé sur son compte Instagram faire “la grève de l’hétérosexualité”. Depuis, la trentenaire tient régulièrement un journal de grève dans lequel elle fait part de ses réflexions et de son cheminement.
Olympe de G. entame aujourd’hui son 54ème jour de grève. Une grève un peu particulière qu’elle a annoncée le 12 mars dernier sur son compte Instagram: l’autrice et réalisatrice de 37 ans fait la “grève de l’hétérosexualité”. Dit comme ça, on pourrait croire qu’elle a décidé de se passer de sexe pendant un certain temps mais il n’en est rien. D’ailleurs, au téléphone, Olympe de G. précise que c’est davantage une “grève de l’hétéronormativité qu’une grève de l’hétérosexualité”.
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Dans sa déclaration de grève publiée sur son blog, l’ex-performeuse X détaille sa lassitude, ses motivations et sa colère: “Ces dernières années, j’ai continué à me projeter dans le schéma d’un couple hétérosexuel qui ne serait pas hétéronormé. Et j’ai consacré beaucoup de temps, d’énergie et d’amour à essayer de construire cette utopie. […] Aujourd’hui, je suis fatiguée par 20 ans de relations hétérosexuelles; finalement toutes aussi hétéronormées les unes que les autres.” Celle qui est convaincue que “le plus intime de l’intime est politique” a donc décidé d’arrêter un paquet de choses, comme se “contorsionner pour répondre aux attentes des hommes qui ont été, sont et seront dans ma vie”, “porter la charge mentale de la séduction amoureuse, de la santé sexuelle, de la contraception, de la créativité érotique” ou encore “de renoncer à [s]a liberté d’individue, qu’elle soit affective ou sexuelle, pour leur confort psychologique”. La liste de ses résolutions est longue et Olympe de G. le reconnaît, elle ne sait pas quand la grève finira. Ni où elle l’emmènera: “Lesbianisme politique, hétéroanarchisme, célibat, polyamour?” Aucune idée. Mais je sais que ça va être chouette”, écrit-elle.
Quelques semaines après sa déclaration, lorsque nous l’avons contactée, Olympe de G. confiait essayer de “redéfinir ses rapports amoureux et les sortir de l’hétéronormativité qui implique que l’attente dominante lorsqu’on tombe amoureuse d’un homme, c’est de fonder un couple qui va le plus souvent reposer sur une exclusivité sentimentale et sexuelle, et un projet commun très fort”. Depuis quelques années, elle assure “perdre” les hommes les uns après les autres dès lors qu’elle revendique sa liberté sexuelle: “Ça bloque systématiquement.” À chaque relation, le même scénario se répète. “Dans la phase de lune de miel, la discussion est repoussée, je le dis mais ça ne rentre pas dans leur tête”, explique-t-elle. Cette liberté, c’est l’une des valeurs sur laquelle la militante s’est assise pendant longtemps avant de se rendre compte qu’elle n’en avait plus envie: “J’étais dans une démarche de care pour les hommes qui comptaient pour moi, j’ai donné énormément pour qu’ils ne sentent pas menacés, pour ne pas les insécuriser.” En s’oubliant au passage. “Je me suis dit que j’allais arrêter de faire des efforts pour qu’ils se sentent mieux, arrêter de ne pas être moi-même pour qu’on veuille de moi.” Au fil des semaines, Olympe de G. documente sa grève, fait part de ses révélations, de ses questionnements, de ses difficultés mais aussi des réactions de son entourage. Dans son dernier texte publié le 4 mai, elle conclut ainsi: “Au final je suis en grève; mais qu’est-ce que je bosse sur moi…!”
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