La Huitième nuit, premier film de Pascale Breton, n’est pas la version épouvante du Huitième jour. Pascal Duquenne n’y joue pas et ne peut donc pas être immolé dans des soirées vaudoues par le bras sacrificiel de Daniel Auteuil. Tant pis. Il faudra quand même aller voir cette huitième nuit-là, forcément plus belle que leurs […]
La Huitième nuit, premier film de Pascale Breton, n’est pas la version épouvante du Huitième jour. Pascal Duquenne n’y joue pas et ne peut donc pas être immolé dans des soirées vaudoues par le bras sacrificiel de Daniel Auteuil. Tant pis. Il faudra quand même aller voir cette huitième nuit-là, forcément plus belle que leurs jours, même si sa durée courte (40 minutes) ne l’autorise à sortir qu’accompagnée par Trente-cinq contre un, court métrage irlandais censément drôle et qui a bien dû en faire rire certains puisqu’il collectionne les prix c’est la seule chose que ces deux films ont en commun et la raison pour laquelle ils sortent ensemble. Dans La Huitième nuit, il est question d’Edwin, traducteur américain vivant à Paris, qui a accepté de traduire sous huitaine un catalogue d’exposition dans une langue qu’il ne connaît pas, l’arabe. Après avoir essayé de le traduire lui-même, achetant grammaires et dictionnaires, il cherche à sous-traiter. Le seul arabisant qu’il trouve, tapeur de fric et de cigarettes, étant encore moins sérieux que lui, Edwin commence à stresser sérieusement et à faire n’importe quoi pour se rassurer ou oublier, traduisant le texte en anglais (« Au moins pour ça je suis compétent »), ou se baladant avec sa copine. En basant son histoire sur un délai à respecter, Pascale Breton ne joue pas sur un filon « course contre la montre » et n’installe aucun suspense, mais au contraire rend visible le temps dans lequel vivent Edwin et ses congénères, sorte de bohème internationale qui tolère assez mal la notion de délai. Ce film est formidable parce qu’il crée un lieu où coexistent des gens qui ont des rapports très différents au temps, et qu’il montre comment les gestes d’amour ou de générosité passent d’abord par une acceptation du temps de l’autre. Entre la durée flottante et comique d’Edwin (Arnold Barkus dont le jeu est à la fois jubilatoire et horripilant), celle de son amie hôtesse de l’air qui ne peut ignorer la ponctualité, et le tempo métronomique de Naguib, le brillant fonctionnaire qui sait mesurer et convertir un travail en temps et qui va sauver Edwin, ce film donne à voir des durées disparates qui essaient de s’harmoniser, de s’adapter, de s’ajuster le temps d’un échange afin de se plaire, de s’aider ou de s’utiliser.
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