Les lecteurs fidèles de ces pages éprouveront peut-être quelque étonnement à ne pas croiser la silhouette de Bernard Giraudeau dans la colonne de la 4e dimension. Comme ça, a priori. Pourtant, il y a quelques années, Giraudeau avait signé avec L’Autre un premier film tout à fait singulier. Un conte métaphysique bourré de défauts, c’est […]
Les lecteurs fidèles de ces pages éprouveront peut-être quelque étonnement à ne pas croiser la silhouette de Bernard Giraudeau dans la colonne de la 4e dimension. Comme ça, a priori. Pourtant, il y a quelques années, Giraudeau avait signé avec L’Autre un premier film tout à fait singulier. Un conte métaphysique bourré de défauts, c’est entendu, mais qui avait au moins l’insigne mérite de ne ressembler à rien et de ne jamais prendre le spectateur pour un cochon de payant susceptible d’avaler n’importe quelle pâtée avariée.
Ici, les premières scènes font craindre le pire. Avec cette histoire d’un gouverneur de Louis XVI exilé de France vers les lointaines contrées africaines, Giraudeau semble effectivement emprunter les routes balisées du beau spectacle en costume mâtiné d’un humanisme un rien binaire. Mais le film s’avère être une fable plutôt sombre et mélancolique, et le cinéaste parvient la plupart du temps à échapper aux pièges « qualité France » qui lui tendaient allégrement les bras. Grâce en premier lieu à un faux rythme et à une prédilection pour le contemplatif, il bâtit une fiction à dominante sensuelle et poisseuse où prédominent l’attente et le désarroi intérieur. Inégal et parfois longuet, certes, mais également curieux et erratique.
Les Caprices d’un fleuve n’est sans doute pas un film indispensable. Rayon mise en scène, il n’y a pas de quoi s’emballer, même si l’on rencontre bien pire chaque semaine. Mais l’on préférera toujours ce genre d’objets bancals habités par d’authentiques obsessions aux « grands » films autoproclamés qui alignent comme autant d’effets nouveau riche les postures culturelles les plus prévisibles. Dans le registre du film d’époque, Les Caprices d’un fleuve a au moins le mérite de représenter une alternative à un genre hexagonal qui, avec ses Beaumarchais et consorts, est singulièrement dépourvu d’aspérités.
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