A défaut d’être le film du siècle, un polar italien loufoque s’avère être la rigolade de la semaine. Voilà un titre qui ressemble à son film. Un grand n’importe quoi qui fait rire. Or, pour faire rire avec n’importe quoi, il faut faire preuve de méthode. Croulant sous des références disparates (Almodovar, Hitchcock, et même […]
A défaut d’être le film du siècle, un polar italien loufoque s’avère être la rigolade de la semaine.
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Voilà un titre qui ressemble à son film. Un grand n’importe quoi qui fait rire. Or, pour faire rire avec n’importe quoi, il faut faire preuve de méthode. Croulant sous des références disparates (Almodovar, Hitchcock, et même Borges), l’Italien Marcello Cesena ne perd jamais vraiment le fil d’une intrigue bétonnée sous ses coutures loufoques. Car une fois calmés les rires, il faut bien se rendre à l’évidence : le scénario (dont la première partie rappelle Petits meurtres entre amis de Danny Boyle) est admirablement bien ficelé, mis en valeur par des dialogues hilarants et servi sur un plateau par des interprètes du genre grandiose. La mise en scène a beau ne pas toujours être à la hauteur, manquant parfois d’imagination, on ne boudera pas son plaisir. Soit Anna et Carlo, jeune couple de retour de voyage de noces, découvrant dans leur valise à la place des chaussettes sales et des souvenirs typiques… 500 millions de lires. Ils se dépêchent d’acheter un appartement, mais le soir de la crémaillère, deux mystérieux gangsters s’incrustent pour récupérer le magot. Tous les moyens seront bons pour s’en débarrasser et/ou les fuir… Dès les premières scènes à l’aéroport, une musique à la Bernard Herrmann nous invite à penser que sir Alfred n’est pas loin. Impression confirmée par des plans d’échange de valises franchement piqués au maître. Et puis, dès les premiers rebondissements de l’énigme, c’est Almodovar que l’on convoque. A ce stade, la piste évidente est Rossy De Palma en copine hystérique qui ne manque pas de tomber amoureuse d’un des gangsters. On connaît le topo, mais on ne peut s’empêcher de ricaner avec jubilation. Les autres acteurs et le réalisateur du film font partie des Broncovitz, équivalent italien de la troupe du Splendid avec qui ils partagent le sens du rythme et de la réplique qui fait mouche. Aux trois quarts du film, Cesena met cependant la barre un peu plus haut, en introduisant le fantôme d’un des voyous assassinés. Cela paraît d’abord hasardeux, puis finalement convaincant lorsque le fantôme souffle la suite des événements à l’un des personnages qui croit faire des rêves prémonitoires et désamorce tous les rebondissements prévisibles. On glisse alors insensiblement dans l’univers de Borges. A l’humour s’ajoute un souffle de poésie. Mais calmons-nous. Si Le Cri de la lavande… n’est pas le film du mois, c’est au moins la rigolade de la semaine.
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