Il y a très très longtemps, dans une très lointaine galaxie qui s’appelait Cinéma américain, Barry Levinson était un bon faiseur, un type capable de boucler avec efficacité un bon petit film. Sa meilleure réussite reste Young Sherlock Holmes. Dans notre souvenir, Tin men n’était pas mal non plus, mais il vaudrait mieux le revoir […]
Il y a très très longtemps, dans une très lointaine galaxie qui s’appelait Cinéma américain, Barry Levinson était un bon faiseur, un type capable de boucler avec efficacité un bon petit film. Sa meilleure réussite reste Young Sherlock Holmes. Dans notre souvenir, Tin men n’était pas mal non plus, mais il vaudrait mieux le revoir pour être certain que le ver n’était pas déjà dans le fruit. Car depuis Rain man, candidat sérieux au titre du film le plus bête du monde, Barry file un mauvais coton. Cette pente savonneuse l’avait déjà amené jusqu’à Harcèlement, il en est maintenant à Sleepers. En termes physiologiques, ça se comprend. Ses films obéissent à une loi simple : plus ça va, moins ça va.
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Tiré d’un best-seller geignard de Lorenzo Carcaterra, Sleepers est le film à recommander à son pire ennemi. Il ne s’en remettra jamais et implorera à genoux le pardon de ses offenses. Précisons que sa punition durera deux heures et vingt minutes. C’est long, très long. C’est le temps nécessaire à Levinson pour nous raconter la triste histoire de quatre gamins de Hell’s Kitchen qui font une grosse bêtise et sont envoyés dans une maison de correction où ils subiront force viols et humiliations. Onze ans plus tard, ils se vengeront de leurs bourreaux en montant une habile souricière juridique, avec la complicité de leur vieux curé (De Niro, en roue libre dans les descentes, à l’agonie dans les montées) et du parrain local (Vittorio Gassman, avec l’air effaré du grand acteur qui s’est endormi à Rome et s’est réveillé sur le plateau de Barry Levinson). Mal écrit, mal filmé et mal joué, cet interminable navet ne serait qu’une meringue nostalgico-mélodramatique de plus s’il ne versait pas aussi rapidement dans l’odieux. Que Levinson parodie ouvertement Il était une fois en Amérique n’est pas le plus grave, le chef-d’œuvre de Leone s’en remettra sans mal ; mais quand il filme les viols au ralenti et en noir et blanc, le spectateur le plus aguerri est pris de violentes nausées. Devant une telle accumulation de poncifs politiquement corrects (le seul gardien décent est naturellement le Noir) et de lourds procédés lacrymaux, on a le choix entre le sommeil ou la fuite. On peut aussi aller voir Du côté d’Orouët de Jacques Rozier.
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