Mon cher Jean-Paul, Faut que je te parle. L’autre soir, chez Pivot (tu vois qui sait ?), je disais que nous avions commencé la course ensemble et que nous passerions la ligne d’arrivée main dans la main. Vu tes derniers exploits, c’était quand même vachement généreux de ma part. Mais, tu le sais bien, Alain […]
Mon cher Jean-Paul,
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Faut que je te parle. L’autre soir, chez Pivot (tu vois qui sait ?), je disais que nous avions commencé la course ensemble et que nous passerions la ligne d’arrivée main dans la main. Vu tes derniers exploits, c’était quand même vachement généreux de ma part. Mais, tu le sais bien, Alain Delon, il est comme ça : généreux, toujours. Comme me le faisaient remarquer mes nouveaux copains des Cahiers du cinéma, un fanzine dévoué à ma gloire (tu connais ?), dans Delon, il y a Le Don. Tu piges, Paulou ? Tu vois l’topo ou faut que je développe ? Bon. A la Cinémathèque, devant trois ministres, un tas d’intellos de gauche baveux et tous mes potes boxeurs, je remets ça : Jean-Paul par-ci, Jean-Paul par-là. Delon, il mouille la chemise pour son ami de trente ans. Toi et moi, on n’est pas des gonzesses ou des politicards. C’est à la vie, à la mort ! Bon. Et qu’est-ce que tu trouves pour me remercier ? Tu fais le guignolo dans un immonde navet qui s’appelle Désiré ! Tu joues au con ou quoi ? T’as bouffé de la vache british ? T’as encore pris un coup de soleil à Roland-Garros ? T’es limite trahison, là !
Au début, j’ai pas voulu y croire. Avec un prénom de frangine et le même costard que mon majordome viet, tu prenais des mines de tapette en mettant le couvert. Je me suis dit « C’est une ruse, mon Jean-Paul, y va pas tarder à dégainer le pétard, soulever l’argenterie et embarquer la bourgeoise dans son hélico ! » Ben, non, que dalle comme dirait ta partenaire ! Jusqu’au bout, tu fais le grotesque sans moufter. Là, y’a maldonne ! Et puis le metteur, ce Murat de mes deux, c’est qui au juste ? Le cadreur de la seconde équipe des Chiffres et des lettres ou le pseudo de Gilbert Carpentier ? Son boulot, les éclairages, le montage et tout ça, il l’a appris où ? Pas chez Melville en tout cas !
Faut que tu te reprennes d’urgence ! N’oublie pas que t’as été Le Doulos et Pierrot le fou. Ton problème, c’est l’image. Au lieu de faire du théâââtre, tu devrais collectionner les croûtes, coller un lardon illégitime à une chanteuse boche qui fait bander les intellos et demander au gonze qui a remplacé Langlois de t’organiser une bonne petite rétrospective des familles. Tu demandes un texte bien lèche-pompes à Sollers un scribouillard qui visiblement me taperait bien dans la lune et c’est gagné ! Tu vois l’topo ? Bon. J’te laisse, j’vais tourner au Mexique avec un certain BHL. Il est nul à chier mais sa régulière est assez bien roulée. En plus, il me prend pour la réincarnation d’Hemingway. C’est te dire s’il est cave ! Pense à tout ça, fais pas le con et vas-y mollo sur les cachous ! J’compte sur toi. Là-haut, y’a Jean-Pierre et l’père Gabin qui nous regardent.
Ton Alain Delon (Le Don, t’as compris, oui ?)
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