Deuxième saison pour la série Hard. L’univers du X sous l’angle de la comédie familiale, ou “ma petite entreprise” tendance gang bang.
Le rapprochement semblait inévitable. Programmées à la même période et s’adossant toutes les deux à l’univers du X, Xanadu et Hard allaient forcément être comparées, jouées l’une contre l’autre.
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Si ce n’est une femme aux commandes de part et d’autre, rien ne pourrait pourtant être plus éloigné que ces deux séries : fresque sombre traversée de névroses familiales en format « drama » de 52 minutes pour la création de Séverine Bosschem pour Arte ; petite friandise comique en 26 minutes pour celle de Cathy Verney pour Canal, qui entame ces jours-ci sa saison 2. Faux débat donc, mais qui permit de remarquer le sérieux (excessif ?) de la première et la modestie de la seconde.
Et c’est bien par la modestie de Hard, son côté « bricolo » affiché, qu’on est invité à entrer dans la série, puis amené à l’aimer. Au départ, une vraie bonne idée : une mère de famille bourgeoise et coincée découvre, à la mort de son mari, que l’entreprise qu’il dirigeait est une société de production de films porno. Contrainte d’en prendre la direction, elle devient un vecteur de comédie idéal, corps étranger plongé dans un milieu avec ses codes, ses rites et surtout son langage spécialisé utilisé aussi froidement que les termes médicaux d’Urgences ou les laïus juridiques de The Good Wife.
Mais tout ça c’était pour la saison 1. Comment continuer à faire tourner la machine ? Sophie, l’héroïne, décide de faire évoluer son business et de se mettre à l’écoute des femmes. Avec sa copine/associée, les voilà qui reçoivent des clientes à la pelle, un peu comme les chirurgiens de Nip/Tuck, sauf qu’au lieu de leur demander « Qu’est-ce que vous n’aimez pas chez vous ? », elles s’enquièrent de leur fantasme sexuel le plus fou, pour le mettre en scène avec les moyens d’un film et leurs équipes habituelles d’acteurs bras cassés.
Quant au compagnon de Sophie, hardeur star qui essaie de décrocher par amour, à son tour d’être catapulté dans des univers étranges : le cinéma « tradi » et ses castings cruels, ou le théâtre respectable et ses énergumènes allumés (quelques numéros de Guillaume Gallienne bien gratinés).
Une décontraction sympathique
Hard n’appartient pas à la famille des comédies enlevées, élégantes. Elle n’atteint pas non plus (pour l’instant) la profondeur des personnages de Weeds, sur un schéma narratif et un genre identiques. Mais elle doit sa réussite à une sorte de décontraction liant organiquement acteurs et dialogues : certains gags qui semblent improvisés avec bonheur, une vraie volonté de faire entrer de l’air dans les scènes, des sorties de route fréquentes et des collisions nécessaires, en particulier à l’occasion des repas de famille, toujours très réussis, et dont pas un ne se passe normalement, ce qui rend la chose fort sympathique.
Entre une fille hystérique, un fils mysticovégétalien, une belle-mère lesbienne, des parents cathos et un mec hardeur, le spectacle, l’extravagance, c’est finalement à la maison qu’on les trouve. C’est en comprenant cela que ceux qui écrivent et jouent Hard ont gagné.
Clélia Cohen
Hard saison 2 à partir du lundi 30 mai, 20h50, Canal+
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