L’erreur fatale serait de ne pas considérer La Belle verte pour ce qu’il est, c’est-à-dire un authentique film d’auteur. Pour s’en convaincre, un rapide détour par le générique suffit : assurant réalisation, scénario et musique, Coline Serreau revendique la maternité du projet du tout petit début à la grande fin et redouble la signature de […]
L’erreur fatale serait de ne pas considérer La Belle verte pour ce qu’il est, c’est-à-dire un authentique film d’auteur. Pour s’en convaincre, un rapide détour par le générique suffit : assurant réalisation, scénario et musique, Coline Serreau revendique la maternité du projet du tout petit début à la grande fin et redouble la signature de son film en endossant le rôle principal. Plus revendiqué, on ne peut pas.
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Sur une autre planète, une bande de créatures qui ressemblent à nos ancêtres vivent dans la joie et la béatitude. Exit les usines, le travail, les viles concurrences de pouvoir. Place à l’harmonie, au calme, aux concerts de silence un univers où les saines valeurs primitives se sont substituées au dérisoire de nos vies modernes. Pour bien enfoncer le clou dans ce mur conceptuel bétonné, Coline Serreau réalisatrice envoie Coline Serreau actrice sur notre misérable terre. Pas de surprise : nous sommes dès lors confrontés à une énième resucée du conflit entre le gentil candide aux mains propres et un monde qui n’admet pas qu’on lui dise ses vérités en face. Les ressorts comiques du film reposant sur la faculté du personnage de Serreau à déconnecter les terriens pour leur faire réaliser des choses a priori impensables. Par exemple : provoquer un joli ballet de danse classique pendant un match de foot ou entraîner Vincent Lindon, médecin rongé par son statut de petit chef, à balancer aux orties ses apparats de mâle conquérant en même temps que sa télévision sur le trottoir…
Les problèmes de La Belle verte ? Multiples et agaçants. Pour commencer, voilà une comédie qui ne parvient jamais à dérider les zygomatiques. Le prévisible est ici une marque de fabrique et l’on est un peu gênés d’avoir affaire à ce canevas de situations convenues faussement absurdes et vraiment volontaristes. Pire, le fond. Inutile de dire que le vieux discours sur « notre société pourrie où les automobilistes s’engueulent et où l’on a désappris à communiquer avec ses semblables » est un rien faisandé. Surtout quand on lui oppose une sorte de rêverie élégiaque néo-écolo tout aussi clichetonneuse que la description du désastre terrien. A partir de là, les séquences parodiques où sont cloués au pilori « ces politiques qui forcément nous mentent » et « ces parangons de l’humanitaire qui nécessairement nous piquent notre pognon pour bâtir de luxueuses piscines » frôlent plus d’une fois les rives du poujadisme satisfait. Franchement déplaisant.
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