Le premier long métrage de Patrick Aurignac est de ces films pièges obligeant le commentateur à revêtir la défroque inconfortable du pisse-vinaigre mâtiné de mauvais camarade, option gros con. Pourquoi tant d’états d’âme ? Parce qu’Aurignac a tâté de la petite délinquance, fait de la prison, puis s’en est sorti en particulier grâce à l’aventure […]
Le premier long métrage de Patrick Aurignac est de ces films pièges obligeant le commentateur à revêtir la défroque inconfortable du pisse-vinaigre mâtiné de mauvais camarade, option gros con. Pourquoi tant d’états d’âme ? Parce qu’Aurignac a tâté de la petite délinquance, fait de la prison, puis s’en est sorti en particulier grâce à l’aventure de ce film autobiographique. Sa sincérité est évidente, son témoignage serait du nanan pour les pages Société d’un journal.
L’ennui, c’est que cette colonne appartient à la rubrique Cinéma. Or, question cinéma, ces Mémoires sont un peu courtes. Pendant plusieurs bobines, on pense au récent Jusqu’au bout de la nuit de Gérard Blain. Même sensibilité d’écorché vif, même univers de la marge, même démonstration de la solidarité des déclassés. Mais là où Blain, à force d’austérité, frôlait la grâce bressonienne, Aurignac peine à donner à son film la cohérence qu’il méritait. Rien à dire sur la construction en flash-back, plutôt habile. Mais les scènes de prison s’accumulent et, à force de dialogues artificiels, finissent par sonner faux. Le montage manque de vigueur et la mise en scène, laborieuse, renvoie sans appel aux plus impersonnelles des fictions télé. Restent quelques acteurs qu’on retrouve avec bonheur : Mathilde Seigner, François Perrier et Roschdy Zem. On sent Patrick Aurignac fasciné par l’abîme. Il lui reste à maîtriser son discours et sa caméra.
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