Témoin muet est un film qui laisse pantois. Encensé par la critique outre-Atlantique, porté au pinacle par les studios qui se sont battus comme des hyènes pour faire signer un contrat à son metteur en scène Anthony Waller, Témoin muet s’est imposé comme un modèle de thriller, un digne successeur d’Hitchcock et Brian De Palma. […]
Témoin muet est un film qui laisse pantois. Encensé par la critique outre-Atlantique, porté au pinacle par les studios qui se sont battus comme des hyènes pour faire signer un contrat à son metteur en scène Anthony Waller, Témoin muet s’est imposé comme un modèle de thriller, un digne successeur d’Hitchcock et Brian De Palma. Une fois de plus la même question s’impose : les Américains ont-ils vu le même film que nous ? La douane française se livrerait-elle à des manipulations de copie remplaçant les chefs-d’œuvre par des nanars ? Faut-il voir les films américains avec des verres spéciaux permettant de discerner le génie enfoui de certains metteurs en scène ? Sommes-nous devenus des bêtes sauvages rongées par le vin rouge et la rillette au point de perdre à toute allure nos neurones et d’être incapables de prendre la mesure d’un thriller aussi haletant ? Il n’y a rien, du moins dans la copie française de Témoin muet, qui nous permette d’avancer qu’Anthony Waller a du talent. A partir d’une histoire vaguement inspirée de Body double de De Palma, qui lui-même s’inspirait de Fenêtre sur cour et Vertigo d’Hitchcock, lequel s’inspirait de Boileau-Narcejac, lesquels s’inspiraient de Caïn et Abel, Anthony Waller réalise un thriller impersonnel capable de rendre catatonique un épileptique. Une équipe américaine tourne un film gore à Moscou : parmi eux, une fille sourde et muette. En faisant des heures supplémentaires dans le studio, elle surprend deux Russes en train de tourner un film snuff. Repérée par les deux sadiques, elle tentera de leur échapper en faisant comprendre à l’aide de ses mains à son entourage qu’elle court un danger mortel. Dans une telle situation où l’énonciation est un acte capital, son mutisme représente un handicap considérable. Une des surprises du film réside dans la description époustouflante de Moscou. Terre rouge, terre maudite autrefois, la Russie post-soviétique est aujourd’hui le pays de tous les dangers, rempli de bêtes sauvages prêtes à tuer pour un oui ou pour un non. Par sa finesse et son bagout, ce portrait rappelle l’image qu’Hollywood donnait de l’Afrique dans les films de Tarzan des années 30, le moujik pinté à la vodka s’étant substitué au sauvage africain sanguinaire.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}