Série politique, ludique et multimède, Wild Palms débarque en France. Attention, culte potentiel. Los Angeles, 2007 : tout va bien pour Harry Wyckoff. C’est un brillant et fortuné avocat d’affaires, il a une jolie femme, deux beaux enfants, une superbe villa, un bronzage permanent et une Corvette rouge décapotable années 50 qui fait toujours son […]
Série politique, ludique et multimède, Wild Palms débarque en France. Attention, culte potentiel.
Los Angeles, 2007 : tout va bien pour Harry Wyckoff. C’est un brillant et fortuné avocat d’affaires, il a une jolie femme, deux beaux enfants, une superbe villa, un bronzage permanent et une Corvette rouge décapotable années 50 qui fait toujours son petit effet sur Sunset Bvd. Le seul ennui d’Harry, ce sont ses terribles cauchemars où un rhinocéros le fixe dans son salon. Et puis il n’assure plus le devoir conjugal. Et puis ses gosses sont bizarrement distants. Et puis une ancienne dulcinée déboule soudainement dans son bureau après quinze ans d’absence. Et puis on arrête des gens en pleine rue sans raison apparente… En fait, ça ne va pas si bien pour Harry Wyckoff et tout va franchement déraper quand il entrera en contact avec le groupe multimédia Wild Palms.
Inspiré d’une bande dessinée à succès, initié et coproduit par Oliver Stone, Wild Palms, série en six épisodes, gros succès de la saison télé américaine 93, débarque en France via Arte. Paranoïa, pouvoirs occultes, univers interactif, dangers du multimédia, confusion entre réel et virtuel, tambouille psychanalytique, frichti politique, vannes cinéphiles, sectes, sexe : Wild Palms recèle tous les ingrédients pour devenir objet de culte. Un plaisir qui ne relèvera pas nécessairement de l’éblouissement esthétique : si Wild Palms est plus chiadé qu’un vulgaire Dallas, cette série n’échappe pas entièrement aux lois du genre grammaire visuelle simplifiée, scénario rebondissant toutes les vingt minutes (le rythme des coupures pub ricaines), lumière rose orangé typique de la Californie yuppie… Sans compter qu’il faudra supporter une insupportable VF. Encore que, comme me le souffle le pervers Frédéric B., « le doublage renforce l’impression de déréalisation de la série et trouve ainsi sa cohérence ». Mouaais… Comparable à Twin Peaks, Wild Palms ne sécrète pas un univers aussi puissant et naturellement tordu que le baroque lynchien mais offre le genre de plaisirs idiots et ludiques propres à toute bonne série : une foule de questions à la fin de chaque épisode pour faire joujou jusqu’à la semaine suivante, une brochette de personnages typés qui constituent un vrai puzzle généalogique à déchiffrer entre amis. Et surtout, une langue vernaculaire, un lexique codé accessible uniquement à ceux qui suivent. Ceux-là sauront bientôt ce que l’on veut dire en leur parlant de « Canal 3 », des « Fenêtres du culte », des « Pères », de la « Synthiotique » ou de la « Mimésime ». Sur ce, pas que je m’ennuie dans le réel, mais il est l’heure pour moi de retourner dans « la Fibre ». Adieu !