Arrivé en vedette pour la dernière discussion lors de la deuxième et dernière journée de l’eG8, Mark Zuckerberg s’est montré décontracté. Baskets, jean, tee-shirt auréolé et soda en main, il n’a fait aucune annonce significative mais a relativisé le rôle de Facebook dans les révolutions arabes.
Un Mark Zuckerberg décontracté qui plaisante avec Maurice Lévy, patron de Publicis, le ton est tout de suite donné. Suivant le bal de connivences entre entrepreneurs qui a eu lieu durant les débats de l’eG8, la discussion s’annonce peu animée.
Le milliardaire de 27 ans a laissé tomber la cravate arborée le matin-même lors de l’entrevue avec Nicolas Sarkozy qu’il a qualifiée de « fun ». Applaudissements et questions du public sans la moindre polémique, le patron de Facebook fait salle comble.
Il reste pourtant étonnament modeste quand arrive la question de l’impact du réseau social sur les révolutions arabes. Pour lui, ce n’est pas Facebook avec ses 500 millions d’utilisateurs qui a changé la vie des gens mais plutôt « Internet en général ». « Je crois que Facebook n’a été ni nécessaire ni suffisant aux révolutions arabes », a-t-il ajouté.
La valeur ajoutée de Facebook : « la confidentialité »
Et quand l’attendu volet sur la protection des données personnelles et la confidentialité est enfin abordé par le patron de Publicis, Zuckerberg balaie toute responsabilité et renvoie la balle du côté des utilisateurs : « Les gens doivent choisir leurs propres limites. »
Par opposition, c’est un autre refrain qui est souvent revenu au cours de l’échange :
« Nous avons voulu nous assurer que les gens partagent des choses authentiques avec leur véritable amis et famille, avec une valeur ajoutée : la confidentialité. »
Aucune annonce concrète concernant les futures fonctionnalités, projets ou investissements du réseau social. Le professionnel du marketing entretient le mystère, une méthode empruntée à la société Apple. Ou peut-être cherche-t-il à protéger cette entreprise, le troisième pays du monde si l’on se réfère à son nombre de membres. Tout juste explique-t-il qu’il compte travailler à l’avenir avec les industries du disque, du livre et du film comme il le fait déjà avec la plate-forme de jeux Zynga (FarmVille).
« Nous n’avons pas les compétences de ces industries, tout ce que nous pouvons leur apporter, c’est une dimension sociale lorsqu’elles se greffent à notre réseau. »
Pour finir, il opère une dernière pirouette à propos de la polémique sur l’ouverture de Facebook au moins de 13 ans : « On m’a demandé pourquoi Facebook ne participait pas davantage à l’éducation des enfant. J’ai répondu que la législation [américaine] actuelle rendait difficile l’accès des enfants à Facebook. » Et si la loi finit par rendre l’accès aux moins de 13 ans possible, le site développera « des procédures particulières pour l’accueil du public ».
Accueilli en star, Zuckerberg termine l’entretien entouré de cette même aura. Une équipe de Télématin monte sur le plateau pour l’interroger, caméra braquée sur lui. Maurice Lévy, en entremetteur, répète en direction de Mark un cloonesque : « Dis bonjour à Télématin ». Les journalistes se font gentiment raccompagner hors-champ par la sécurité. Fin de l’agitation. Le milliardaire disparaît dans une grosse voiture noire aux vitres teintées.
Lucie Thiery