On prend les mêmes et on recommence. Sur ce principe simple, et souvent fatal à l’équipe de France de football, le duo Wang/Auster remet le couvert. Autour du débit de tabac d’Auggie Wren se retrouve une bande de bons potes pour s’y raconter les mêmes histoires de gens qui ont trop lu les romans de […]
On prend les mêmes et on recommence. Sur ce principe simple, et souvent fatal à l’équipe de France de football, le duo Wang/Auster remet le couvert. Autour du débit de tabac d’Auggie Wren se retrouve une bande de bons potes pour s’y raconter les mêmes histoires de gens qui ont trop lu les romans de Paul Auster. Jim Jarmusch parle de cigarettes, Lou Reed est odieux, Madonna montre son cul, John Lurie joue du sax et Harvey Keitel écoute patiemment tout son petit monde. Bref, la routine. C’est certes sympathique, parfois amusant, mais parfaitement vain et, à la longue, fort ennuyeux. Faute de mise en scène, le dispositif tourné vite au procédé et le film devient une longue publicité pseudo-intello vantant la douceur de vivre à Brooklyn. Comme Smoke, Brooklyn Boogie est une œuvrette mi-chèvre mi-chou, bien calée dans le créneau commercial qui singe la sophistication et le minimalisme européens sans pour autant renoncer (pas si bête…) au pathos hollywoodien. Plus qu’un film, c’est un produit culturel, ciblé pour plaire au public français cultivé, grand amateur de « bon cinéma américain indépendant ». Sur le même principe de merchandising que pour les dinosaures de Spielberg, les produits dérivés du film se trouvent en librairie, aux éditions Actes Sud.
Quand Auster écrit en rêvant de cinéma, c’est passionnant ; quand il se hasarde à en faire, c’est assommant. Plutôt que de nous infliger ses médiocres fonds de tiroir, il ferait mieux de se remettre à concocter des romans. Sinon, Serge K., Samuel B., votre serviteur et lin élève de la Femis qui préfère garder l’anonymat menaçons de commettre un très beau film avec tous nos potes du XIVe arrondissement. A la place d’Harvey Keitel, trop cher et incapable de tirer un demi convenablement, on a déjà fait signer Guy Roux pour jouer le serveur bonhomme et plein de chaleur humaine. Ça s’appellera Alésia Twist et ce sera entièrement tourné au comptoir du café Le Bouquet. Le résultat risque d’être à peine plus mauvais et insignifiant que ce Brooklyn Boogie. C’est tout dire.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}