Voilà un film qui nous aime spontanément, sans démagogie. A quoi le sent-on ? A son aplomb et à sa modestie mêlés, à sa manière de ne pas masquer ses défauts et ses limites. Tout le contraire d’un film qui nous prendrait de haut ou bien par la main, comme des assistés en manque de […]
Voilà un film qui nous aime spontanément, sans démagogie. A quoi le sent-on ? A son aplomb et à sa modestie mêlés, à sa manière de ne pas masquer ses défauts et ses limites. Tout le contraire d’un film qui nous prendrait de haut ou bien par la main, comme des assistés en manque de panneaux indicateurs. Reste à voir si cette absence totale d’esbroufe conduit quelque part. D’une simplicité qu’on peut qualifier au mieux de désarmante, au pire d’insignifiante, Des Lendemains qui chantent s’avance à visage découvert pour nous conter les tribulations ordinaires d’un trio de jeunes mecs, évoluant entre Saint-Denis, Aubervilliers et Pigalle. Musicos d’un chansonnier « réaliste », ils sont sur le point de donner leur premier concert quand un mauvais plan leur tombe dessus : leur break, contenant tout le matos, part à la fourrière. A partir de là, Caroline Chomienne baguenaude librement sur le terrain de la comédie sociale, longtemps laissé en friche puis redevenu superbement fertile depuis le passage de Malik Chibane. Un peu voleur, plutôt fauché, mais pas désespéré, le triumvirat vogue, galère, espère en piochant et en partageant ce qui lui tombe sous la main. De maigres butins, quelques rencontres insolites et des stocks de mots rebondissants, dopés par le souffle du verlan et de l’argot. Cette langue, agréablement métissée, coule naturellement sans toutefois donner corps à la fiction. Pour son premier long métrage, Caroline Chomienne ne cherche pas midi à quatorze heures et se contente d’aligner mollement des saynètes qui ne s’élèvent pas au-dessus de l’anecdote. Sa peinture documentaire de la vie quotidienne évite bien des écueils (misérabilisme ou folklore de la banlieue), mais oublie d’accorder au récit et aux personnages un minimum de densité. Réduits à l’état d’esquisse inachevée, ces derniers passent inaperçus. On aurait donc volontiers aimé ce film qui nous aime bien si son geste avait été un peu plus consistant.
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