The Celluloid closet part d’une question passionnante : quelle est la place de l’homosexualité dans le cinéma américain ? Comment Hollywood s’y est-il pris pour représenter ce qui est censé ne jamais être représenté ? C’est peu de dire que le travail de Rob Epstein et Jeffrey Friedman s’acharne à interroger des moments qui auraient […]
The Celluloid closet part d’une question passionnante : quelle est la place de l’homosexualité dans le cinéma américain ?
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Comment Hollywood s’y est-il pris pour représenter ce qui est censé ne jamais être représenté ? C’est peu de dire que le travail de Rob Epstein et Jeffrey Friedman s’acharne à interroger des moments qui auraient pu échapper au spectateur le plus attentif, montrant à quel point l’homosexualité ne sera passée dans le cinéma hollywoodien qu’en contrebande. C’est la fameuse accolade entre Stephen Boyd et Charlton Heston dans Ben Hur, que le premier interprète volontairement comme une scène de retrouvailles entre deux anciens amants, sauf que l’un est prêt à remettre ça tout de suite alors que l’autre s’est définitivement rangé des voitures. Ou encore, la grande scène de drague de Spartacus, avec Laurence Olivier et Tony Curtis en train de barboter dans la piscine.
Pour un metteur en scène américain, représenter l’homosexualité imposait une figure obligée : la métaphore. N’existant pas, mis au ban par les conventions sociales, l’homosexuel doit se glisser en biais, se perdre en sous-entendus. Sortis de ce jeu de passe-passe, les homosexuels et les lesbiennes sont représentés de manière uniforme et sans aucune subtilité. Ils sont la lie de la terre, des pauvres dégénérés voués à la mort comme Sébastien dans Soudain, l’été dernier ou Sal Mineo dans La Fureur de vivre. Si un homosexuel apparaît, il ne peut décemment pas perdurer, encore moins figurer parmi les héros réunis dans un happy-end. Cette histoire de la représentation de l’homosexualité dans un médium de masse, faite de contorsions métaphoriques et d’excommunications, méritait d’être racontée.
Mais il en est de The Celluloid closet comme de certains médicaments : ils possèdent des effets secondaires indésirables. On peut malheureusement en citer quelques-uns : comment peut-on louer, à juste titre, Boys in the band de William Friedkin, le premier film américain à dresser un portrait de la communauté homosexuelle, et vouer aux gémonies Cruising, tourné dix ans plus tard par le même metteur en scène avec, en partie, les mêmes acteurs ? On peut aussi renâcler devant la méthode employée par Epstein et Friedman. Une méthode empruntée au mélo hollywoodien qui nous raconte comment les pauvres homosexuels massacrés et persécutés ont fini par gagner leur combat cinématographique. Triste, l’histoire se finit bien, avec violons et guimauve d’usage, sur le sourire béat d’Antonio Banderas dans Philadelphia. Prendre le lourd mélodrame de Jonathan Demme comme symbole de la victoire des gays à Hollywood, voilà un choix pour le moins discutable. Malgré ces réserves, The Celluloid closet apparaît comme une salutaire mise au point.
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