Incroyablement spectaculaires sur scène, grands maîtres du do it yourself, la formidable troupe anti-crise québécoise Misteur Valaire sort ces jours-ci son explosif Golden Bombay : entretien.
Vous venez tous de Sherbrooke, au Québec. Que pouvez-vous m’en dire ?
Luis : Oui, nous sommes tous les 5 de Sherbrooke. C’est une ville très étudiante. Et au niveau musical, il est important de mentionner que Sherbrooke peut, de l’age de 6 ans jusqu’à l’age de 25 ans, te donner une vraie formation musicale. Tu peux commencer à l’école Sacré Cœur, qui est une école primaire, de 6 à 12 ans environ, une formation de musique assez intense. Dans le secondaire, il y a aussi des formations musicales, plus jazz, et tout aussi intenses. L’université de Sherbrooke te permet ensuite de poursuivre ton éducation : au Québec, on ne retrouve pas vraiment ça ailleurs qu’à Sherbrooke.
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D’où ce terroir musical, à Sherbrooke ? On a même parlé de Sherbrooklyn, à un moment…
Luis : Il y a un bon bassin musical, par les étudiants qui habitent Sherbrooke, par le nombre de gens qui ont envie de faire de la musique. Mais aujourd’hui, la scène Sherbrookoise, en terme de production de spectacles…
Roboto : …c’est assez mort.
D’où le fait d’aller à Montréal…
Thomas : C’est ça. Sherbrooke, ça devient de plus en plus douchebag.
Luis : Des mecs qui prennent des protéines en poudre en faisant du fitness… (rires) Sinon, ça dépend, c’est vraiment des « cuvées »… Comme nous et « l’effet Sherbrooklyn », qui a un peu fait jaser certains medias à Montréal : ça a été un peu lancé comme une blague, un peu comme le « Son du Lac Saint-Jean », Fred Fortin, tous ces gars-là. Dans notre cas, c’est juste un gang d’amis qui bougent à peu près en même temps, qui forment certains groupes en même temps. C’est lancé dans les interviews comme une plaisanterie, et c’est repris : les journalistes ont souvent besoin de ce genre de trucs-là…
Justement, vous vous décrivez comme une bande d’amis : vous vous connaissez depuis que vous êtes gamins ?
Luis : Depuis très longtemps, oui. Je connais France depuis 20 ans, et pour les autres, ça fait environ 19 ans qu’on se connaît. On avait peut-être 6 ans quand on s’est trouvés : il y avait deux groupes de potes qui se sont réunis, moi et Jules d’un côté, les trois autres de l’autre. On a commencé à jammer ensemble assez tôt. Moi, j’ai commencé à jouer de la batterie avec Jules à 7 ans, mais les autres jouaient à l’école ensemble depuis longtemps déjà.
D’où la cohésion extrême, technique et mentale, qui semble se dégager du groupe…
Luis : C’est un peu dur d’avoir du recul par rapport à ça, mais ça doit certainement aider… Le fait qu’on se connaisse depuis tant d’années, qu’on passe autant de temps ensemble, dans un van, sur les routes…
Thomas : Sentir l’autre… L’autrui… (rires)
Vous avez chacun vos influences, chacun vos goûts où est-ce que tout s’est, petit à petit, mélangé ?
Luis : C’est un mélange des deux. On fait découvrir beaucoup de musique aux autres. Et de plus en plus, surtout qu’on passe de plus en plus de temps dans un van, en tournée… On a par exemple fait l’aller-retour Austin-Montréal récemment, ça fait 44h aller, 44h retour : tes iPods commencent à être un peu desséchés, sur la fin… Mais on a quand même toujours consommé un peu le même genre de trucs, et ça s’est rapproché de ce qu’on jouait. Même si nos goûts sont extrêmement larges.
Justement, ça va de quoi à quoi ?
Thomas : Si on fait l’historique de la musique qu’on a écoutée, c’était au début très très jazz –c’est ce qu’on étudiait. On s’est mis à écouter des choses plus pop un peu plus tard que les autres personnes autour de nous. Louis, lui, jouait déjà un plus de rock que nous… Puis, plus tard, on s’est mis à écouter de l’électronique, du hip-hop… Beaucoup de hip-hop.
Vous devez être un peu boulimiques, musicalement…
Luis : Je ne suis pas du genre à écouter tout ce qui sort, absolument pour écouter tout ce qui sort. J’ai plutôt tendance à vider un album, jusqu’à ne plus pouvoir l’écouter le CD. Mais chacun a ses habitudes : au sein du groupe, on est un peu entre les deux…
Quand vous avez commencé à faire de la musique ensemble, en groupe, c’était d’abord pour le fun ?
Luis : A la base, à partir 13 ans, la plupart des membres du groupe était principalement dans le jazz, à un niveau académique. Puis c’est devenu plus qu’académique, c’est devenu vraiment une passion. On formait comme une sorte de quartet ou un quintet de jazz. Mais on a formé quelque chose de plus concret, en groupe, vers 15 ou 16 ans.
Thomas : Au début, le but était seulement d’en vivre. On ne savait d’ailleurs pas exactement comment qu’on allait en vivre, on ne savait pas si on allait devenir de purs techniciens instrumentaux. Et finalement, c’est devenu ce que c’est : un groupe de copains.
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