Les aventures d’Emma dans la Cour des Grandes (Actrices). Résumé de l’épisode précédent : Kenneth a écrit pour Emma le rôle d’une pute camée jusqu’à la moelle. “Je ne serai pas ta Vivien Leigh !”, râle-t-elle, outrée, avant de lui retourner une claque. Puis elle se met au vert pour se changer les idées. Episode […]
Les aventures d’Emma dans la Cour des Grandes (Actrices). Résumé de l’épisode précédent : Kenneth a écrit pour Emma le rôle d’une pute camée jusqu’à la moelle. « Je ne serai pas ta Vivien Leigh ! », râle-t-elle, outrée, avant de lui retourner une claque. Puis elle se met au vert pour se changer les idées.
Episode n° 26 : A la campagne, entre une promenade au crachin et un thé au lait, Emma se dit que les magnifiques paysages du Devon feraient un superbe écrin pour son prochain rôle. « Mais au fait, quel rôle ? », lance-t-elle soudain avec cet à-propos qui a séduit Kenneth et Bernard Pivot. Il est temps de se mettre au travail. Dans le grenier, Emma retrouve ses cours de littérature anglaise (diplômée Cambridge 1982). « Voyons voir : Shakespeare, Kenneth s’en occupe ; E. M. Forster, j’ai déjà fait (Retour à Howard’s End)… Tiens, Jane Austen, c’était pas mal. « Raison et sentiments ! », triomphe soudain Emma, soulagée. Les peines de cœur des sœurs Dashwood dans l’Angleterre prévictorienne. Entre Les Quatre filles du docteur March et Back Street, option sauce à la menthe. Amours contrariées, revers de fortune, cris et (surtout) chuchotements, trahisons et doutes, raison et sentiments, salé et sucré… Emma n’est pas féministe pour rien : ce n’est pas tous les jours que les personnages de femmes tiennent le haut de l’affiche. « Pour les hommes, on prendra des fantasmes d’adolescentes genre Hugh Grant ou Bernard Montiel, ça devrait le faire. »
Courageuse, Emma enfile un vieux chandail en Woolmark et se lance comme une grande dans l’adaptation. Et ça vient tout seul ! N’y tenant plus, elle appelle Ken et lui lit les premières pages. « Ça sent la vieille fille… », grogne-t-il. Trop, c’est trop : cette fois, c’est sûr, elle le quitte. Tant pis pour lui, il ne réalisera pas le film. Ivory ? Bof, dans Les Vestiges du jour, il n’a pas toujours gardé au montage ses tremblements de menton et ses regards dignes. La production propose Ang Lee. Pourquoi pas ? Pour la reconstitution, on prendra Luciana Arrighi, la décoratrice de Howard’s End et des Vestiges. Et puis on emballe le tout dans une musique emphatique de Patrick Doyle (Indochine ou The Thistle and The Rose, en l’honneur du 90e anniversaire de la reine mère). L’affaire est dans le sac. « Ça sent la vieille fille ? Et alors, c’est encore ce que je sais le mieux faire, non ? », bougonne Emma en finissant son crumble.
Prochain épisode : Emma va-t-elle triompher de ses rivales dans la course aux Oscars ? Va-t-elle passer des bras de Kenneth Branagh à ceux de Josiane Balasko qui la presse pour reprendre le rôle de Victoria Abril dans l’adaptation hollywoodienne de Gazon maudit ? Va-t-elle relire tout Virginia Woolf dans son manoir ? Réponse dans le Madame Figaro du 6 mars.
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